Après plusieurs journées de mobilisation en septembre, le vent de la contestation continue de souffler le 10 octobre contre la politique portée par le gouvernement Philippe.
Cette fois, ce sont les fonctionnaires qui souhaitent faire entendre leur grand malaise social, en faisant grève : gel des salaires (comme en 1996 et en 2000), réductions d'effectif (120 000 postes supprimés d'ici 2022) et rétablissement du jour de carence... les sujets de dissension avec le gouvernement ne manquent pas. La fonction publique s'inquiète pour son avenir et défile dans toute la France. 5,4 millions d'agents du service public ont ainsi été appelés à se mobiliser.
Une première estimation de la CGT, citée par l'AFP fait état de 400 000 manifestants, toutes villes confondues, dont 45 000 à Paris. La préfecture de police de la capitale avance quant à elle le chiffre de 26 000 manifestants.
Le cortège parisien est parti de place de la République à 14h et a pris la direction de la place de la Nation en passant par la place de la Bastille.
Si la manifestation s'est déroulée sans encombre dans un premier temps, quelques échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre qui ont dû faire usage de lacrymogènes pour disperser la foule.
La préfecture de police de Paris a déclaré avoir procédé à l'interpellation de plusieurs manifestants ayant dégradé une agence bancaire sur le parcours entre la place de la République et la place de la Nation.
Un ras-le-bol général
Les enseignants ont été appelés à faire la grève par la totalité de leurs syndicats. Au moins un enseignant sur deux ne travaillera pas le 10 octobre, selon une estimation du syndicat SNUipp-FSU.
Du côté des transports, les salariés de la SNCF appellent à une convergence intersyndicale des luttes contre les ordonnances sur la réforme du droit du travail et la hausse de la CSG. Les trois syndicats représentatifs à la RATP ont appelé à manifester à Paris.
Les aéroports sont également concernés par cette journée de mobilisation, puisque la Direction générale de l'aviation civile a recommandé aux compagnies aériennes de réduire de 30% leurs vols le 10 octobre, précisant que des perturbations étaient attendues sur l'ensemble du territoire.
Les salariés de la police, de la justice et des hôpitaux publics sont également venus pour grossir les cortèges dans toute la France. Fait inédit depuis 2009, une dizaine de syndicats de praticiens hospitaliers (médecins, pharmaciens, dentistes) se sont joints à l'appel du secteur hospitalier (infirmiers, aides-soignants).
La crise de la fonction publique
Des suppressions de postes à la baisse du pouvoir d'achat, en passant par une détérioration de leur conditions de travail, les services publics cherchent à alerter l'opinion publique depuis plusieurs années et vivent très mal les annonces du gouvernement. Si Nicolas Sarkozy avait déjà réduit le service public de 150 000 personnes, Emmanuel Macron a promis de supprimer 120 000 postes au cours de son quinquennat. Une aberration pour des services qui se sentent déjà exsangues.
Le bras de fer social de l'automne s'intensifie
Le gouvernement dit ne pas privilégier une approche comptable, mais les syndicats s'inquiètent des signaux envoyés par le premier Ministre, Edouard Philippe, notamment lorsqu'il évoque la création d’un «comité action publique 2022» qui devra proposer des «réformes structurelles», ainsi que des «économies significatives et durables.»
Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques a ainsi déploré : «Depuis le début du quinquennat, nous subissons une succession de mesures négatives.»
Après les manifestations du 12, du 21 et du 23 septembre, qui ont réuni des centaines de milliers de personnes à travers toute la France, le 10 octobre marque une nouvelle étape dans l'escalade des tensions entre la rue et le gouvernement.