«Seuls peuvent être présents dans l'hémicycle le drapeau tricolore [...] et le drapeau de l'Organisation des Nations unies» : les 17 députés du groupe de La France insoumise (LFI), présidé par Jean-Luc Mélenchon, ont encore dénoncé ce 4 octobre la présence du drapeau de l'Union européenne à l'Assemblée nationale. La polémique a été relancée à l'occasion d'un amendement à une proposition de résolution visant à clarifier les droits de l'opposition à l'Assemblée, encore échaudée par l'imbroglio de l'attribution des postes clefs début juillet 2017.
«La France n'est pleinement en phase avec son projet politique historique d'indépendantisme et de promotion de la paix que si elle dépasse tout ancrage régional et zonal», argumentent les «Insoumis» qui s'appuient également sur l'article 2 de la Constitution afin de justifier leur opposition à la présence du drapeau européen.
L'ex-écologiste François de Rugy, passé à La République en marche (LREM) et dans la foulée au perchoir de l'Assemblée nationale s'est dit interloqué par l'amendement, notamment sur la proposition de faire flotter l'étendard des Nations unies dans l'hémicycle. «Je ne sais pas où est-ce qu'ils sont allés chercher cette histoire du drapeau français et de l'ONU», a déclaré le président de l'Assemblée ce même jour. «Est-ce que vous avez vu au fronton des mairies le drapeau de l'ONU ? Personne ne l'a jamais vu nulle part», a-t-il encore ironisé sur LCP, rappelant que selon lui, les Français avaient apporté leur soutien à la construction européenne lors de «nombreux référendums».
Certaines voix au Front national ont approuvé l'initiative des députés insoumis. «Nous sommes dans l'Assemblée nationale française, c'est normal qu'il n'y ait que le drapeau français, je pense que l'on soutiendra cet amendement, oui», a commenté Louis Aliot, député frontiste des Pyrénées-Atlantiques.
La convergence de vues à ce sujet entre le FN et LFI n'a pas échappé au député LREM Pieyre-Alexandre Anglade, qui a eu beau jeu de la relever.
Dès son arrivée à l'Assemblée en juin, Jean-Luc Mélenchon s'était agacé de la présence du drapeau bleu et étoilé dans l'hémicycle. Lors de son élection au perchoir, François de Rugy (LREM) avait répondu en prenant la défense d'un «symbole d'une paix durable» qui y avait toute sa place au Palais Bourbon. Le président avait même fait applaudir le drapeau étoilé devant un Mélenchon boudeur.