Il y a de ces lapsus dont on a du mal à se débarrasser. Devant les Français de New York le 20 septembre, Emmanuel Macron rappelait les grandes lignes de sa politique à moyen terme. «J'ai décidé qu'en novembre prochain nous sortirons de l'Etat de droit, mais avant cela...», s'interrompt le président, avant qu'on ne commence à craindre qu'il n'annonce, par exemple, l'emprisonnement des opposants politiques... Et de corriger, déclenchant des rires dans l'assistance : «... de l'état d'urgence, pardonnez-moi.»
Avant lui, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'était déjà heurté à l'expression piégée, bête noire des étudiants en science politique qui ne savent bien souvent, de surcroît, lequel des deux prend une majuscule.
Le 12 septembre, alors que le projet de loi antiterroriste, qui prévoit notamment d'intégrer certaines des mesures exceptionnelles de l'état d'urgence dans l'Etat de droit, poursuivait sa navette parlementaire, le ministre de l'Intérieur s'était ainsi pris les pieds dans le tapis. «Sur la sortie de l'Etat de droit, vous savez que le Conseil...», avait-il entamé devant des parlementaires, avant de se reprendre : «...de l'état d'urgence, pardon.»
Doit-on donc s'inquiéter de l'instauration d'une dictature en France ? Certes non ! Sauf à en croire la vulgate freudienne, selon laquelle le lapsus ne serait pas qu'un simple accident de formulation mais bien l'expression d'un désir inconscient...