«Jusqu'à ce matin [le 17 septembre] je n'étais pas sûr de partir». C'est par ces mots que Loup Bureau, visiblement épuisé, a exprimé son soulagement d'arriver à Paris devant les journalistes qui l'attendaient. Le journaliste indépendant de 27 ans a passé 51 jours dans les prisons turques, soupçonné d'appartenir à «une organisation terroriste armée», en raison de sa proximité supposée avec des combattants kurdes syriens considérés comme des terroristes par Ankara. Selon son avocat, maître Martin Pradel, et conformément aux lois turques, il risquait jusqu'à trente années de prison.
Mais les ennuis du jeune homme ne sont pas terminés. Selon son avocat, il fait toujours l'objet de poursuites de la part de la Turquie qui pourrait lancer un mandat d'arrêt international à son encontre.
«Mercredi [le 13 septembre] soir, le procureur a rendu un acte d'accusation qui l'accuse rien de moins que d'appartenir à une organisation terroriste et il sera vraisemblablement jugé en son absence. S'il devait être condamné, il pourrait faire l'objet d'un mandat d'arrêt qui l'empêcherait de travailler dans le reste du monde», a confié à l'AFP Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).
Loup Bureau avait été interpellé le 26 juillet à la frontière turco-irakienne, au départ pour avoir travaillé sans autorisation. Il a été placé en détention après six jours de garde à vue, lorsque les autorités ont découvert des photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG. Ce mouvement est considéré par Ankara comme une émanation du groupe armé kurde PKK et donc, comme une organisation terroriste. Selon la défense du jeune homme, ces images datent de 2013, à l'époque où il avait réalisé un documentaire en Syrie, diffusé sur TV5.
La famille de Loup Bureau était présente pour l'accueillir à Paris, ainsi que sa compagne et la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. Emmanuel Macron, qui avait évoqué le cas du journaliste auprès du président turc Recep Tayyip Erdogan, s'est par ailleurs entretenu avec lui au téléphone.
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