France

En Ariège, la vidéo d'un groupe armé menaçant de «rouvrir la chasse à l'ours» inquiète la préfecture

Le parquet de Foix, dans l'Ariège, a ouvert une enquête après la diffusion d'une vidéo dans laquelle des hommes cagoulés et armés annonçant entrer en «résistance active contre les agents de l'Etat [et] rouvrir la chasse à l'ours» dans les Pyrénées.

Le 15 septembre, Karline Bouisset, procureur de la République de la ville de Foix dans l'Ariège, a fait savoir qu'une enquête avait été ouverte «pour participation armée à un attroupement par une personne dissimulant son visage afin de ne pas être identifiée», à la suite de la diffusion à la presse d'une vidéo peu ordinaire. 

Cette vidéo d'une minute et 47 secondes a été reçue le 14 septembre par clé USB, dans une enveloppe anonyme, par plusieurs médias ariégeois, comme le rapporte France Info. On y voit, de nuit, un groupe de 25 personnes, au visage masqué par des cagoules noires. Tous ou presque ont en main un fusil de chasse. Un individu tient une arme de poing.

Nous, montagnards d'Ariège, éleveurs, randonneurs, chasseurs, élus, citoyens disons à l'Etat "STOP ça suffit"

Dans cette vidéo, un homme lit un texte : «Nous, montagnards d'Ariège, éleveurs, randonneurs, chasseurs, élus, citoyens disons à l'Etat "STOP ça suffit". Par l'introduction d'ours slovènes puis la création d'une pouponnière leur permettant de se multiplier, l'Etat français met en place une gestion du territoire où peu à peu il limite aux hommes, aux femmes de la montagne l'accès, la liberté d'être, de faire, de travailler».

L'homme poursuit : «L'Etat est resté sourd face aux demandes de nos élus, de nos organisations citoyennes et professionnelles. Alors, nous avons décidé de rouvrir la chasse à l'ours en Ariège et de mener une résistance active face aux agents de l'Etat».

Deux des membres du groupe concluent ces propos en tirant à plusieurs reprises en l'air avec leur fusil.

Une «simagrée d'organisation terroriste» 

Pour le procureur de la République de Foix, cette vidéo constitue une «dérive pathétique dans la violence et dans l'illégalité». «Si la vidéo est bien réelle et qu'il ne s'agit pas d'un canular, il s'agit d'une dérive dans la violence qu'il convient de réprimer», a estimé le magistrat, cité par la presse locale. Et d'ajouter : «Cette simagrée d'organisation terroriste [...] porte préjudice à tous ceux qui défendent le développement des territoires ruraux et de montagne».

Les hommes présents sur la vidéo encourent une peine maximale de cinq ans de prison, 75 000 euros d'amende et une interdiction de détenir des armes.

La diffusion de cette vidéo intervient dans un climat tendu à la suite de la mort de 209 brebis dans une chute de falaise, dans un mouvement de panique causé par un ours mi-juillet en Ariège.

Vingt ans après la réintroduction de l'ours, plantigrade pouvant peser jusqu'à 250 kilos et mesurant jusqu'à deux mètres si dressé sur ses pattes arrière, sa présence dans les Pyrénées, ainsi que la question de nouveaux lâchers sur les versants français, continuent de diviser.

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