Le 5 juillet dernier, la cour d’appel de Bastia a confirmé le jugement rendu en février par le tribunal correctionnel d'Ajaccio : la société civile immobilière (SCI) de Pierre Ferracci, témoin de mariage d'Emmanuel Macron, a été condamnée à une amende d'un million d'euros pour travaux non-autorisés et infractions au code de l'urbanisme... mais les villas érigées par l'homme d'affaires ne seront pas détruites. Depuis, les associations de défense du littoral ne décolèrent pas et dénoncent un cas de favoritisme, comme le rapporte Marianne.
Tout commence en 1996. L'ancien membre de la commission Attali, où il a fait la connaissance du futur président de la République, PDG du groupe de conseil Alpha et président du club de football Paris FC, avait alors acquis un terrain de 20 hectares dans la baie de Rondinaro, un site d'exception sur la pointe méridionale de l'île de beauté. Son projet initial : faire édifier cinq villas sur 898 mètres carré. La mairie lui ayant refusé le permis de construire nécessaire aux travaux, l'homme d'affaires avait alors engagé un bras-de-fer administratif avec la municipalité, dont il était sorti victorieux en 2006. En effet, la cour administrative d’appel de Marseille avait estimé que la mairie de Bonifacio lui avait répondu hors-délai. Il bénéficiait donc d'un permis de construire tacite.
Mais Pierre Ferracci a entre temps changé de projets. Il a décidé de ne faire construire que deux villas, mais sur un site situé 150 mètres plus loin, dans des espaces naturels identifiés comme remarquables par la loi. Le préfet demande alors au procureur de la République, comme le révèle Mediapart, de «condamner rapidement et avec mesure la restitution» des lieux, autrement dit de faire détruire les constructions illégales. Un avis que le tribunal n'a donc pas suivi, se contentant d'une amende.
Déjà plus de 35 000 signatures demandant la démolition des villas
Les associations de défense du littoral et de l'environnement se sont réunies les 30 juillet à Bonifacio pour dénoncer un jugement qu'ils jugent empreint de favoritisme. U Levante, ABCDE, Le Garde ou encore U Polpu avaient déjà initié la procédure judiciaire à l'encontre de Pierre Ferracci. Elles entendent désormais se pourvoir en cassation. Elles ont également mis en ligne une pétition afin d'exiger que justice soit faite. Selon elles, le favoritisme dont a fait preuve le tribunal démontre qu'«un espace remarquable inconstructible peut être défiguré par une construction sans permis, illégale donc, sans que sa démolition ne soit systématiquement ordonnée».
De son côté, Pierre Ferracci dénonce «l'acharnement» des associations. «Il y a certains endroits où vous n’avez ni action en justice, ni demande de démolition, ni amende», s'étonne celui qui est le témoin de mariage du président de la République. Interrogé par France 3, il pointe du doigt un «ciblage» qui, selon lui, «dépasse le problème de l’urbanisme, le problème de l’environnement». Il bénéficie par ailleurs du vif soutien du maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, qui défend des «constructions mieux intégrées au paysage naturel». Ce dernier s'avère par ailleurs être un macroniste convaincu, ayant rejoint le mouvement présidentiel dès l'hiver dernier.