France

Voyage de Macron à Las Vegas : Pénicaud a-t-elle vraiment «alerté» le conseil d’administration ?

Les révélations se suivent et continuent d'éclabousser la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Selon Libération, elle aurait tronqué un document d'audit accablant la direction de Business France pour non-respect des règles de mise en concurrence.

De nouvelles révélations publiées par le quotidien Libération le 3 juillet pourraient fragiliser la ligne de défense de l'ancienne directrice générale de l'agence publique Business France et actuelle ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Business France – l'organisme d'aide au développement international des entreprises françaises – est actuellement visé par une enquête pour violation présumée des règles de mise en concurrence.

Alors que la ministre affirmait avoir «alerté» le conseil d'administration de Business France au sujet de dysfonctionnements constatés, Libération révèle qu'elle a en réalité seulement transmis une version (très) synthétisée d'un audit du cabinet EY (ex-Ernst&Young) qu'elle avait commandé en mars 2016.

Attestant du non-respect des règles de mise en concurrence lors de l'organisation d'une soirée à Las Vegas en janvier 2016, ce document pourrait bien remettre en cause la stratégie de défense de Muriel Pénicaud. «La mise en concurrence n’a pas eu lieu concomitamment entre les trois prestataires contactés [...] Il n’y a eu aucun bon de commande, aucun devis réalisé, aucun contrat signé, aucune facture», peut-on lire dans le texte, cité par le quotidien.

Une telle situation pourrait «engager la responsabilité pénale (délit de favoritisme) des auteurs», précise en outre l'audit du cabinet.

Problème : selon Libération, Muriel Pénicaud aurait préféré transmettre un texte général intitulé «Synthèse des audits réalisés en 2016», au lieu de communiquer la totalité du rapport du cabinet EY aux organes de contrôle de Business France. Cette «synthèse» rédigée par les services de la direction de Business France aurait surtout permis de minorer ou de faire l'impasse sur les dysfonctionnements pointés du doigt par le cabinet d'audit, juge Libération.

Le cabinet de la ministre du Travail a fait savoir au quotidien que Muriel Pénicaud refusait de répondre à toutes les questions relatives à cette affaire. La ministre du Travail est confrontée à une multiplication des révélations dans la presse. Le JDD a par exemple récemment relevé que Muriel Pénicaud aurait été briefée en amont des difficultés d'ordre comptable que soulevait l'organisation de la soirée de Las Vegas. 

Selon Le Canard enchaîné, à l'origine des premières révélations, le coût de l'opération réalisée par Havas pour Business France, sans qu'il y ait eu d'appel d'offres, aurait été de 381 759 euros, dont 100 000 euros pour les seuls frais d'hôtel. Libération avait également affirmé le 28 juin que Muriel Pénicaud avait «validé» certaines dépenses relatives à l'organisation de la soirée. La ministre du Travail avait répondu qu'elle n'avait rien à se reprocher, évoquant une «erreur de procédure» à la suite de laquelle elle avait «immédiatement déclenché un audit, interne et externe».

Lire aussi : Liberté de la presse : Castaner demande aux médias de ne pas trop attaquer la ministre du Travail