Le quotidien Libération révèle ce 28 juin que le cabinet d'Emmanuel Macron à Bercy, lorsqu'il était ministre de François Hollande, aurait bel et bien participé à l'organisation d'une soirée à Las Vegas par le groupe de communication Havas. Ces révélations interviennent alors qu'une enquête est en cours pour violation présumée des règles de mise en concurrence.
Le quotidien soutient également que le ministre du Travail Muriel Penicaud, à l'époque directrice générale de Business France, a «validé» certaines dépenses relatives à l'organisation de cette soirée, un «contournement des règles» de l'agence publique, chargée de faire la promotion de la France auprès des investisseurs étrangers et qu'elle dirigeait.
Des éléments d'un audit réalisé par le cabinet EY (ex-Ernst & Young), que Libération s'est procuré, ne laissent aucun doute sur l’implication du cabinet du ministre de l’Economie de l'époque, estime le quotidien. «Nous comprenons que la définition exacte des besoins a pu être en partie déterminée par des personnes extérieures à Business France, en particulier le cabinet du ministre de l’Economie», pointe notamment le rapport, cité par Libération.
Une affaire embarrassante pour Muriel Pénicaud, ministre du Travail
Lorsque l'affaire a éclaté, Emmanuel Macron a écarté la responsabilité de son entourage, affirmant que son «ministère a[vait] toujours respecté les règles des appels d'offres et des marchés publics». Le successeur de Emmanuel Macron au ministère de l’Economie, Michel Sapin, avait lui-même dédouané son ancien collègue, affirmant que la saisine de l'Inspection générale des finances (IGF) dans cette affaire «ne concern[ait] en aucun cas Emmanuel Macron».
Cette affaire est embarrassante pour le ministre du Travail qui doit présenter ce 28 juin en conseil des ministres le projet de loi d'habilitation à réformer le droit du travail par ordonnances. Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a dit ne pas être inquiet des conséquences de cette affaire pour Muriel Pénicaud.
Le ministre s'est également défendu, expliquant le 25 juin ne pas avoir envisagé de démissionner. «[Cela] n'aurait pas eu de sens, puisque c'est moi qui ait alerté [...] et demandé un audit indépendant, ce que l'Inspection générale des finances a confirmé par la suite», a-t-elle fait valoir.
Lors de cette soirée, qui s'était tenue le 6 janvier 2016 à Las Vegas, Emmanuel Macron avait rencontré des dirigeants de start-up françaises. Selon Le Canard enchaîné, le coût de l'opération aurait été de 381 759 euros, dont 100 000 euros pour les seuls frais d'hôtel.