France

Ceux qui ont fait fuiter les critiques de Villiers sont des «connards», estime une députée

La démission du général Pierre de Villiers, a suscité l'hommage de nombre de députés, plusieurs élus de gauche et de droite exprimant aussi leur désapprobation du recadrage d'Emmanuel Macron, selon plusieurs participants à la commission Défense.

La commission de la Défense, devant laquelle le général avait exprimé le 12 juillet dernière de vives critiques des coupes budgétaires, a auditionné le 19 juillet successivement le général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre, puis le général André Lanata, chef d'état-major de l'armée de l'air. Ses membres se sont émus de la démission de Pierre de Villiers, qui a eu lieu au moment où la commission se déroulait.

«Le libre fonctionnement de notre commission est mis en cause. Si nos auditions à huis-clos donnent lieu par l'exécutif à des mises au pas des personnes auditionnées, c'est le pouvoir législatif qui est mis sous tutelle», a déploré auprès de l'AFP André Chassaigne, participant à cette commission. Sur le fond, il a pointé, derrière la démission, des problèmes dans les différents corps d'armée. «Avec seulement 30% du matériel instantanément disponible, cela fait dire que notre armée est au bord de la rupture», a-t-il ajouté.

Outre «une crise de confiance entre les armées et le chef de l'Etat qui s'est rendu coupable d'une humiliation inutile pour un homme qui n'avait fait que son devoir» d'alerter sur des «coupes budgétaires rendant difficile le déploiement de nos hommes», Olivier Faure (PS), président du groupe Nouvelle gauche, a souligné sur LCI que «l'intérêt du Parlement est d'avoir des gens qui s'expriment totalement librement».

Mais, pour un député de la majorité, «tout le monde a conscience que cette démission est aussi la conséquence de la rupture du huis clos de la commission, ce qui n'est pas neutre». Philippe Folliot (LREM) s'est dit «très en colère» à ce sujet, estimant dans un communiqué que des auditions «à l'eau tiède» n’auront «plus aucun intérêt».

Une élue aurait été jusqu'à traiter de «connards» ceux qui ont fait fuiter les propos du général dans la presse. «Une députée que je ne connais pas s'est exprimée de cette manière», a confirmé Christian Jacob au sortir de la réunion, sans préciser son étiquette.

Le président de la commission a d'ailleurs rappelé en début de réunion le devoir de discrétion, de sources concordantes.

Incompréhension et désapprobation du comportement du président de la République

Un «hommage unanime» au général de Villiers a eu lieu au cours de la séance, ont rapporté des élus de tous bords, évoquant aussi des «remerciements» au président de la commission Jean-Jacques Bridey (ex-PS devenu La République en marche) pour ses prises de position en soutien au chef d'état-major des armées.

«C'est une décision que, globalement, nous déplorons au regard de la qualité de soldat et de chef de l'ancien CEMA», a rapporté un député LREM participant à la commission.

Mais, selon plusieurs élus, les présidents des groupes communiste André Chassaigne, Nouvelle Gauche, Olivier Faure, LR, et Christian Jacob, ont exprimé de «l'incompréhension, désapprobation» ou «inquiétude» sur le recadrage du général de Villiers par Emmanuel Macron.

La fonction de chef d'état-major des armées est dorénavant assurée par le général François Lecointre

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