On savait La République en marche (LREM) très soucieuse de la lutte contre les fake news, mais des soupçons pèsent aujourd'hui sur ses élus ou leurs équipes, qui seraient à l'origine d'interventions sur des pages de l'encyclopédie participative Wikipédia afin de faire disparaître des informations compromettantes, ou au contraire pour ajouter des éléments favorables aux concernés.
L'Obs a mis le doigt sur quatre pages de nouveaux députés LREM qui ont fait l'objet de modifications intempestives dont les élus eux-mêmes, voire leurs équipes, pourraient être les auteurs.
Est abordé le cas d'Alain Péréa, député de l'Aude, qui a été épinglé pour avoir été rémunéré 9 000 euros pour une étude qui n'a jamais vu le jour. Sourcée d'un article du Monde, cette accusation a été modifiée le 20 juin sur la page de l'élu par un anonyme, affirmant notamment que la Cour des Comptes «avait conclu à la réalité et à la sincérité des missions exercées».
Mais la source donnée par l'anonyme en hyperlien aboutissait sur «une page non trouvée». Le véritable rapport ne montre aucune trace de ces conclusions favorables au député. Les utilisateurs de Wikipédia ont donc supprimé ces ajouts.
D'autres interventions sauvages ont été constatées sur la page de Buon Tan, député de Paris. La mention stipulant qu'il était «l'objet d'une enquête préliminaire pour détournement de fonds» au sein du Conseil représentatif des associations asiatiques de France a été supprimée trois fois, malgré l'attention des utilisateurs de Wikipédia qui rétablissaient la citation.
L'internaute anonyme à l'origine de ces suppression prétendait que «le passage effacé était de la calomnie et de la diffamation envers la personne». Sous le pseudonyme Laurie6475, une utilisatrice a à nouveau essayé de supprimer cette mention, avant d'ajouter des commentaires élogieux tels que «ses apports sont reconnus», supprimés par les modérateurs au vu du manque de sources.
Ces modifications ont été réalisées par des individus qui sont intervenus sur plusieurs pages Wikipédia. L'Obs a aussi repéré ce genre de pratiques sur la page d'Emilie Guerel, député du Var, ainsi que sur celle Didier Martin, député de Côte d'Or.
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