«Le truc est assez simple : quand on est ministre on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen», a déclaré le Premier ministre, interrogé sur France info à propos de l'intervention de François Bayrou auprès d'un des directeurs de Radio France pour se plaindre des appels de ses journalistes à des collaboratrices du MoDem dans le cadre d'une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs.
Le ministre de la Justice avait affirmé à l'AFP avoir appelé en tant que «citoyen», estimant que cela n'avait «rien à voir» avec sa fonction. Cet appel est intervenu le 7 juin, quelques heures avant la diffusion d'une enquête sur les emplois d'assistants parlementaires d'eurodéputés de son parti.
Le directeur des enquêtes et de l'investigation de Radio France, Jacques Monin, a dénoncé une «pression» et Dominique Pradalié, la secrétaire nationale du SNJ, premier syndicat chez les journalistes, a évoqué une «petite affaire d'Etat».
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«Je comprends parfaitement que l'homme François Bayrou ait été agacé peut-être [...] par la façon dont les questions étaient posées, avec beaucoup de pression probablement, sur des gens qui ne s'y attendaient pas», a affirmé le chef du gouvernement, avant d'ajouter : «Il se trouve que, quand on est ministre, on n'est plus simplement un homme animé par ses passions ou sa mauvaise humeur, ou par son indignation.»
«J'ai indiqué à l'ensemble de mes ministres qu'il fallait systématiquement penser à cette question de l'exemplarité, pas seulement au titre des fonctions qu'on occupe, mais parce que justement lorsque vous êtes ministre, vos actes, vos propos, votre façon de réagir, parfaitement humaine, n'est jamais interprétée [...] comme simplement humaine, mais toujours dans le cadre de ces fonctions», a insisté Edouard Philippe.
Selon le Premier ministre, le président du MoDem «a parfaitement conscience de ça».
Interrogé par ailleurs sur la plainte du ministère du Travail contre la publication de documents dans Libération, Edouard Philippe a assuré qu'il ne s'agissait pas de «brimer la presse».
«Nous n'avons par porté plainte contre Libération. En revanche, il n'est pas acceptable que, pour perturber une discussion, peut-être même pour faire en sorte qu'elle ne puisse pas aboutir, on balance dans la nature des documents qui ne sont pas des documents qui ont été validés par la ministre», a-t-il plaidé.
«[Ce n'est] en aucun cas un message dirigé contre la presse qui a non seulement un devoir d'information, mais une envie légitime d'informer», a-t-il encore expliqué. «Il ne s'agit pas de brimer la presse. Je ne la critique pas, ce n'est pas le sujet. Je dis simplement aux fonctionnaires qu'ils doivent être respectés, mais que pour être respectés, ils doivent aussi respecter les obligations qu'il leur échoient par le statut de fonctionnaire», a enfin martelé le Premier ministre.
«Quand il y aura quelque chose à dire, je le dirai», assure Bayrou
Le garde des Sceaux François Bayrou, a réagi aux propos du Premier ministre, assurant qu'il continuerai de s'exprimer. «Chaque fois qu'il y aura quelque chose à dire à des Français, à des responsables, qu'ils soient politiques, qu'ils soient journalistiques, qu'ils soient médiatiques, chaque fois qu'il y aura quelque chose à dire, je le dirai», a déclaré le patron du MoDem, sollicité par la presse lors d'un déplacement à Lens (Pas-de-Calais) pour soutenir un candidat de son parti aux législatives.