France

Révélations sur les réformes du code du travail : les syndicats voient rouge et haussent le ton

La CGT, la CFDT et Force ouvrière ont lancé un avertissement à l’exécutif après la parution dans la presse de documents exposant des mesures que le gouvernement envisagerait pour son projet de réforme du code du travail.

Les réactions syndicales s'enchaînent après la publication de documents détaillant les pistes sur lesquelles l’exécutif serait en train de réfléchir en matière de réforme du code du travail. Parues le 6 juin dans le quotidien Libération, deux jours après une première fuite publiée par Le Parisien, les mesures envisagées semblent avoir exaspéré au plus haut point les organisations syndicales. 

Malgré les dénégations de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui a assuré n'avoir «pas de plan caché» pour réformer le code du travail et que le document publié par Libération n'était pas officiel, les principales structures syndicales du pays (CGT, CFDT, FO) ont adressé une mise en garde au gouvernement. 

La CGT accuse le gouvernement d'avancer «masqué» sur son projet de réforme

Dans un entretien accordé au Parisien/Aujourd'hui en France et paru le 8 juin, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a réagi aux dernières révélations parues dans Libération en constatant un dysfonctionnement dans le dialogue social. «Apparemment, on ne nous dit pas tout», a-t-il ainsi déploré.

Philippe Martinez n'a pas hésité à qualifier de «scandaleuse» la méthode de concertation gouvernementale. «On nous annonce presque 50 rencontres. Certes, mais toutes organisations confondues ! Pour la CGT, ce sera seulement trois réunions de deux heures sur les trois thèmes», a-t-il déploré, ajoutant : «Sur un sujet aussi vaste que le code du travail, ça n'a pas de sens. Ce qui nous fait dire que le gouvernement avance masqué, au moins jusqu'au [premier tour des législatives].» 

Pour le leader de la CGT, le gouvernement chercherait délibérément à ne pas être précis. «Ca donne l'impression qu'ils en diront plus après les élections. Si j'en crois ce que je lis dans la presse, ça peut être la catastrophe pour les travailleurs», a-t-il ajouté.

La CGT a également annoncé qu'elle prévoyait une journée d'action contre la réforme du code du travail et que la centrale syndicale organiserait au préalable pendant toute la semaine du 19 juin des réunions, des rassemblements et d'autres initiatives.

La CFDT et Force ouvrière vent debout contre les «pistes» de travail publiées dans Libération

La CGT n'est pas la seule centrale syndicale a avoir haussé le ton. Le 7 juin, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s'est montré très agacé par ce qu'il a qualifié de «pseudo-révélations». Selon lui, si les fuites venaient à se multiplier, cela risquerait d'entamer le climat de la concertation prévue tout l'été, avant la publication des ordonnances réformant le code du travail.

S'il a déclaré avoir pris note du démenti formulé par la ministre du Travail, le patron de la CFDT a également déclaré être opposé aux «pistes» de travail supposées et révélées dans Liberation. «C'est non sur le référendum à usage exclusif de l'employeur, c'est non pour négocier le contrat de travail dans l'entreprise, c'est non pour assouplir les conditions du CDD», a-t-il ainsi martelé.

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a lui aussi qualifié les «pistes» évoquées de «pas acceptables». «Il va falloir que le gouvernement s'explique», a-t-il demandé.

Révélé à cinq jours du premier tour des élections législatives, le document publié par Libération pose une série de «pistes» de travail explosives, comme la négociation, à l'échelle de l'entreprise, des motifs de licenciement, du niveau des indemnités légales de licenciement et des CDD.

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