France

A Nice, les associations débordées par un «flux extraordinaire» de migrants

Le nombre de migrants pris en charge chaque mois par l'association Forum Réfugiés à Nice a triplé depuis le mois d'avril. Son directeur tire la sonnette d'alarme et en appelle à l'aide de la préfecture.

L'association Forum Réfugiés, spécialisée dans l'accueil des demandeurs d'asile, vient d'annoncer ce 29 mai qu'elle avait atteint «les limites de ses capacités» à Nice (Alpes-Maritimes), dans un contexte d'afflux exceptionnel de migrants. Ces derniers sont en très grande majorité des Soudanais arrivés en France par l'Italie après avoir traversé la Méditerranée. 

«Normalement, on reçoit les gens sans délai, mais s'il y en a une soixantaine devant la porte, on en prend dix et on dit aux autres de revenir, ce qui pose une autre question, celle de l'hébergement», a déclaré à l'AFP Jean-François Ploquin, directeur général de l'association. Il souligne que Forum Réfugiés a enregistré l'arrivée de 81 personnes le 24 mai dernier, auxquelles se sont ajoutés une soixantaine de nouveaux arrivants le 29. 

Forum Réfugiés tente de ne pas perdre contact avec les migrants qui ne peuvent être hébergés : l'enregistrement auprès de l'association permet en effet d'obtenir une convocation préfectorale qui évite le placement en rétention administrative. Pourtant, entre leur arrivée et leur convocation, près des deux tiers des migrants sont déjà repartis pour une autre destination, observe Jean-François Ploquin.

Le directeur général explique être en relation avec «les services de préfecture» pour tenter de trouver une solution à ce qu'il décrit comme un «flux extraordinaire». Si son association était jusqu'ici habituée à gérer des arrivées nombreuses (jusqu'à 70 personnes par mois en 2016, principalement des Tchétchènes et des Ukrainiens), elle se trouve désormais confrontée à des chiffres près de trois fois supérieurs depuis le mois d'avril. «On demande au préfet de réquisitionner du personnel d'astreinte pour enregistrer les demandes ou de trouver une solution pour héberger et nourrir ces personnes», a déclaré à l'AFP David Nakache, un bénévole de Roya Citoyenne, une autre association d'aide aux migrants de la région.

Bras de fer entre les pouvoirs publics et les associations

A Nice, les relations entre les associations et les autorités préfectorales sont loin d'être au beau fixe. Face au manque de moyens, les premières accusent les secondes de «se défausser» sur les citoyens et sur les organisations d'aide aux migrants. A situation exceptionnelle, les associations demandent en effet des moyens exceptionnels, que le préfet n'a pas pour l'instant déployés. David Nakache explique qu'il veut obtenir la «réquisition du personnel d'astreinte pour enregistrer les demandes».

Depuis plus d'un an, Roya Citoyenne affirme alerter les autorités sur la situation inédite que connaît cette région frontalière de l'Italie, sans obtenir satisfaction. En mars dernier, elle est même parvenue à faire condamner le préfet devant le tribunal administratif pour «violation du droit d'asile», celui-ci ayant procédé au renvoi expéditif d'une famille érythréenne.

David Nakache, qui est par ailleurs un ancien militant du Parti socialiste, en appelle à l'engagement d'Emmanuel Macron. «On a un président de la République qui, pendant sa campagne, a dit qu'il fallait accueillir dignement les réfugiés», rappelle-t-il, appelant désormais le chef de l'Etat à passer des promesses aux actes. En réalité, Emmanuel Macron n'a pas tout à fait tenu ce discours. Il a certes vanté en 2015 «l'opportunité économique» que représenterait selon lui l'arrivée de migrants, avant de saluer la politique migratoire de l'Allemagne fin 2016, estimant qu'elle avait «sauvé la dignité de l'Europe». Mais la question de la crise migratoire actuelle a toujours été un point discret de son programme, dont le mot «immigration» était par ailleurs totalement absent.

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