«J'ai toujours eu une relation exemplaire avec les journalistes étrangers, encore faut-il qu'ils soient journalistes», a déclaré Emmanuel Macron, le 29 mai, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue russe Vladimir Poutine au château de Versailles. Il répondait à une question de Xenia Fedorova, présidente de RT France portant sur le refus de ses équipes de laisser des journalistes de RT accéder à son QG de campagne au soir des premier et second tours de l'élection présidentielle.
Assumant la «responsabilité de dire les choses», le locataire de l'Elysée a répondu de manière très directe. «La totalité des journalistes étrangers, y compris russes, ont eu accès à ma campagne», a-t-il expliqué, précisant : «Et à cela je ne céderai rien. Russia Today et Sputnik ne se sont pas comportés comme des organes de presse et des journalistes, mais ils se sont comportés comme des organes d'influence, de propagande, et de propagande mensongère, ni plus ni moins.»
«C'est simple, les règles sont ainsi et ce seront toujours les mêmes», a-t-il ajouté.
Des propos avec lesquels le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que Moscou n'était pas d'accord, s'agissant de RT et de Sputnik.
Des accusations sans preuves du camp Macron depuis le mois de mars
Début mars, l'équipe d'Emmanuel Macron avait déjà accusé RT France de véhiculer des «fake news» sur sa personne. «Nous accusons Russia Today et Sputnik d'être la première source de fausses informations véhiculées sur notre candidat et de travailler en symbiose avec des organisations fascistes ou d'extrême droite», avait déclaré Mounir Mahjoubi, conseiller du candidat d'En Marche! à la chaîne britannique Sky News. Il n'avait pas pour autant présenté les preuves permettant d'étayer ses accusations.
Au mois d'avril, ces accusations avaient été réitérées par un membre de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, cité anonymement par un journal britannique. «Ce n'est pas un média comme les autres», confiait-il à The Daily Beast au sujet de RT. «C'est un organe de propagande, c'est pour cela que nous avons décidé de ne pas les accréditer», avait ajouté cette source, sans présenter non plus d'éléments concrets. A l'époque, Xenia Fedorova avait déjà réagi, s'inquiétant d'accusations formulées «sans le moindre exemple, sans la moindre preuve de ce qui était reproché» à RT. «Nous ne souhaitons pourtant qu'une chose : qu'on nous laisse faire notre travail de journalistes, comme n'importe quel autre média», avait-elle ajouté, précisant qu'elle avait «bon espoir» que les relations entre RT et l'équipe d'Emmanuel Macron s'améliorent.
Le 27 avril, le mouvement En Marche! avait ensuite déclaré à l’agence Reuters que RT France et Sputnik ne seraient pas autorisés à couvrir la soirée électorale d’Emmanuel Macron, accusant les deux médias d’être «des agences de propagande de l'Etat russe» et de véhiculer de «fausses informations». La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait qualifié de «discrimination ciblée» ce refus d’accréditer des médias russes.