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«Ce sport rend fou» : jusqu'à quatre mois de prison ferme au procès des incidents de Bastia-OL

Le tribunal correctionnel de Bastia a prononcé des peines allant jusqu'à quatre mois de prison ferme à l'encontre de 16 individus, dont un cadre du SC Bastia, jugés pour les incidents du match Bastia-OL du 16 avril.

Anthony Agostini, directeur des services généraux du SC Bastia, qui avait eu une vive altercation à la mi-temps avec le gardien de l'OL Anthony Lopes lors du match Bastia-OL du 16 avril, a été condamné à une amende de 750 euros.

Alors qu'il était jugé avec quatre autres individus pour avoir envahi le terrain et pris part aux échauffourées, le procureur avait requis à son encontre une interdiction de cinq ans d'exercer toute activité au SC Bastia et une interdiction de stade de la même durée, ainsi que trois mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende.

«C'est une surprise car nous avions requis la relaxe», a réagi à la fin du procès Maître Jean-André Albertini, l'avocat d’Anthony Agostini. «Nous allons faire appel car seule la relaxe s'impose», a-t-il ajouté.

Les 15 autres prévenus, poursuivis pour avoir pris part à ces incidents ou être simplement entrés sur le terrain, ont été condamnés à des peines allant jusqu'à quatre mois de prison ferme, 1 000 euros d'amende et deux ans d'interdiction de stade. Quatre prévenus ont été condamnés à de la prison ferme alors que celle-ci n'avait été requise qu'à l'encontre de deux d'entre-eux par le parquet.

Le tribunal a en revanche raccourci la plupart des peines d'interdiction de stade – le procureur avait demandé dans certains cas jusqu'à cinq ans, le maximum – et n'a pas prononcé d'interdiction d'exercer le métier d'agent de sécurité à l'encontre d'un stadier, comme cela avait été requis. 

«Emportés par la passion»

Hervé Guitton, un autre supporter bastiais qui avait comparu avant l'examen des violences autour du match OL-Bastia, a quant à lui été condamné à deux mois de prison avec sursis, 1 000 euros d'amende et 18 mois d'interdiction de stade pour avoir poussé des cris de singe visant l'attaquant de Nice Mario Balotelli.

«C'est un gâchis sportif considérable», avait regretté le procureur de la République de Bastia Nicolas Bessone dans ses réquisitions sur le dossier des incidents autour du match Bastia-OL, dénonçant des «comportements inadmissibles» et fustigeant un «supportérisme dévoyé».

La rencontre Bastia-OL du 16 avril avait démarré en retard après l'arrivée sur le terrain de supporters bastiais qui avaient pris à partie des joueurs et des membres du staff lyonnais pendant leur échauffement, avant d'être définitivement interrompue après de nouveaux incidents à la mi-temps.

Nicolas Bessone a soutenu, au cours de son réquisitoire, que si la rivalité entre joueurs et entre supporters étaient habituelle, rien ne justifiait cette agression. «Ce sport rend fou, on ne va pas tout foutre en l'air pour un match de ballon, même si on est passionné», a conclu le procureur.

Le 15 mai, au premier jour du procès, les prévenus avaient regretté être entrés «bêtement» sur le terrain, avoir «suivi la foule sans réfléchir» ou avoir été «emportés par la passion». «Il faut rappeler que la Corse est une île de passion dans le foot», a aussi plaidé le 16 mai l'avocate d'un des prévenus. «Beaucoup y ont laissé la vie», a-t-elle déclaré en référence à la catastrophe de Furiani, qui avait fait 18 morts et plus de 2 300 blessés en 1992 lors de l'effondrement d'une tribune du stade de Bastia.

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Les incidents ont déjà valu au club corse une défaite sur tapis vert – sanction contestée en appel – et la suspension de son stade pour trois matches. Lors de ses deux premiers matches disputés à domicile à huis clos à Fos-sur-Mer, le club, qui lutte pour ne pas être relégué en L2, a remporté deux victoires.