France

Quelle attitude va adopter Emmanuel Macron vis-à-vis de la Russie ?

Un temps défenseur d'une levée des sanctions contre la Russie, Emmanuel Macron a depuis modéré ses propos. S'il est apparu hostile à certaines positions de Moscou durant sa campagne, il s'est toutefois dit prêt à travailler avec Vladimir Poutine.

Au lendemain de la victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle, la question de la position française vis-à-vis de la Russie se pose. Critique du Kremlin sur les dossiers ukrainien et syrien, le nouveau président français n'a toutefois pas fermé la porte du dialogue avec Moscou.

Par le passé, Emmanuel Macron a envoyé des signes d'ouverture à Moscou

Sera-t-il possible pour le Kremlin de travailler de manière constructive avec le nouveau locataire de l'Elysée ? La position du dirigeant français ne semble en tout cas pas complétement arrêtée. Par le passé, il a même montré de vrais signes d'ouverture en direction de Moscou, au risque d'aller parfois à contre-courant de la classe politique française. En janvier 2016, alors ministre de l'Economie de François Hollande, il plaidait par exemple lors d'une visite à Moscou pour une levée rapide des sanctions imposées par les Occidentaux à la Russie, en lien avec la crise ukrainienne.

Sa vision a toutefois évolué au fil du temps et à mesure qu'il s'est affirmé comme candidat à l'élection présidentielle. Début 2017, s'il faisait valoir sa volonté d'établir un «dialogue souverain» avec les Russes, non dicté par Washington, il précisait cependant : «[Parler avec la Russie], ça ne veut pas dire être fasciné par elle, ni oublier que [la France] ne partage pas les mêmes valeurs.»

Changement de ton à l'aube de l'élection

Interrogé mi-avril sur la levée des sanctions contre la Russie par Jeune Afrique, Emmanuel Macron avait exprimé une nouvelle position sur cette question. Dans cette interview, il a estimé que la levée des mesures contre la Russie était progressivement envisageable si la Russie «respectait ses engagements». Il n'était donc plus question de levée rapide des sanctions...

Un changement de ton survenu peu après les accusations d'ingérence de Moscou dans sa campagne, dénoncées par son équipe de campagne.

En plus des sanctions, la Syrie et le sort de son président Bachar el-Assad risque de constituer une autre pierre d'achoppement Moscou et Paris. Début avril, l'ancien ministre de l'Economie avait en effet appelé à organiser une opération militaire internationale. S'il a annoncé vouloir cibler prioritairement Daesh, Emmanuel Macron n'a pas caché que le gouvernement syrien était aussi dans sa ligne de mire.

Enfin, le candidat avait inscrit dans son programme : «La Russie de Vladimir Poutine mène une politique étrangère dangereuse qui n’hésite pas à s’affranchir du droit international.»

Un «partenaire de travail»

Le Kremlin peut néanmoins se satisfaire des déclarations tenues par celui qui n'était encore que candidat, lors du débat du second tour face à Marine Le Pen. En prenant soin de préciser qu'il ne serait pas «soumis au diktat de Monsieur Poutine», allusion à la rencontre de la candidate du Front national avec le président russe, Emmanuel Macron a envoyé des signaux d'apaisement en direction de Moscou. Il a notamment jugé que Vladimir Poutine devait être autour de la table sur plusieurs sujets de discussion, à savoir les conflits syrien et ukrainiens.

L'ancien ministre de l'Economie a estimé que le président russe devait être un «partenaire de travail» sur ces problématiques régionales et s'est dit prêt à discuter avec lui, s'alignant ainsi sur le point de vue du Kremlin.

«Surmonter leur méfiance mutuelle»

En tout état de cause, Vladimir Poutine a affiché son intention d'établir de bonnes relations avec l'homme que les Français ont élu et lui a adressé un message de félicitations.

Dans une période qu'il a qualifiée de difficile pour le monde, le président russe a tendu une main franche et ferme à Emmanuel Macron. Pour le Kremlin, il est en effet essentiel que les deux chefs d'Etat parviennent à surmonter leur «méfiance mutuelle» et à unir leurs forces, dans un monde où la montée des menaces terroristes et de l'extrémisme représente un défi majeur.

En agissant ensemble et de manière constructive, Vladimir Poutine estime que Paris et Moscou répondront aux «intérêts fondamentaux» des deux nations.

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