«Nous savons que la crise est profonde et touche tout un territoire», a déclaré Matthias Fekl le 1er avril en parlant de la Guyane devant une délégation d’une cinquantaine de personnes, reçue à la préfecture de région à Cayenne.
Il y a un «besoin de réponses immédiates, mais aussi d’un travail au long cours», a-t-il poursuivi. Il a précisé que les engagements touchaient la sécurité, la justice, l'éducation ou la santé. Le total a été chiffré à 1,085 milliard d’euros par Ericka Bareigts.
L'exécutif avait déjà validé une certain nombre de mesures pour répondre aux exigences populaires, telle la création d’un Tribunal de grande instance et d’un centre pénitentiaire à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville du territoire, ainsi que la suspension de la cession du centre médical de Kourou.
La délégation guyanaise s'était présentée devant les ministres avec un cahier de revendications de plus de 400 pages, rédigées par des collectifs appuyés par des élus.
Le 29 mars, le site du quotidien Les Echos avait affirmé que les ministres «seraient en mesure de poser sur la table des négociations un pacte de développement de la Guyane de 4 milliards sur un peu moins de 10 ans».
Des informations qui avaient aussitôt été démenties par Matignon. Les ministres ne sont partis avec «aucune enveloppe prédéterminée. On ne travaille pas comme ça. On travaille avec les acteurs à des mesures utiles pour la Guyane, pas sur des chiffres fantaisistes et inventés», selon Matignon.
Une «veille ministérielle» avait été mise en place à Paris pour «parvenir à des arbitrages» dans un laps de temps réduit, avait indiqué jeudi Matthias Fekl, se montrant optimiste.
La Guyane, vaste territoire d'Amérique du Sud (83 000 km2) situé à 7 000 km de Paris, connaît depuis une dizaine de jours un mouvement de contestation d'une ampleur historique, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales.
Le 28 mars, ce département a connu «la plus grosse manifestation de son histoire», de l'aveu même de la préfecture, avec près de 15 000 marcheurs sur une population de 250 000 habitants. Les 37 syndicats membres de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) avaient voté à la quasi-unanimité la grève générale illimitée qui a commencé le 27 mars.
Lire aussi : «Journée morte» en Guyane : grève, manifestations et réactions politiques