Voilà quatre jours que la communauté chinoise de Paris vit au rythme des rassemblements et des manifestations en hommage à Liu Shaoyo, ce père de famille de 56 ans mort lors d'une intervention de la police à son domicile.
Malgré l'appel au calme lancé par la famille et les proches de Shaoyo Liu, ces rassemblements sont régulièrement émaillés d'incidents, à tel point que le renseignement intérieur commence à s'y intéresser de près.
La mafia et le parti communiste chinois se disputeraient l'influence sur le mouvement
Nos confrères du Parisien se sont procuré un document confidentiel-défense de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui a été transmis aux plus hautes autorités de l'Etat. Dans cette note, le renseignement fait état de la présence de réseaux mafieux chinois derrière les rassemblements d'hommage à Liu Shaoyo.
Ainsi, plusieurs individus appartenant à la communauté chinoise et connus des services de police auraient été clairement identifiés par la DGSI à l'intérieur des manifestations de ces derniers jours. Ils tenteraient d'infiltrer le mouvement pour asseoir leur autorité sur la communauté, alors même que la famille du défunt a appelé au calme à plusieurs reprises, refusant que la mort de leur proche soit récupérée à des fins obscures.
Le document confidentiel de la DGSI explique ainsi que des membres de réseaux mafieux d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ville connue pour abriter de nombreux magasins de gros et dépôts de textiles gérés par la communauté asiatique, profiteraient de l'agitation pour étendre leur emprise et récupérer le «marché de la sécurité». Ces individus seraient notamment connus du renseignement pour des affaires de jeux clandestins et de proxénétisme.
Mais ce n'est pas tout. Le parti communiste chinois tenterait lui aussi de noyauter le mouvement à travers des agents du gouvernement infiltrés et sous couvert de mouvements associatifs. En effet, l'influence qu'exerce la mafia chinoise sur une partie de la communauté, notamment au nord de Paris, inquiète fortement les autorités chinoises. La demande du gouvernement de Pékin à la France de faire «toute la lumière sur cette affaire» en témoigne.
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L'enjeu serait double pour le gouvernement chinois qui, à travers les manifestations d'hommage à Liu Shaoyo à Paris, essaye à la fois d'empêcher les réseaux mafieux de s'imposer davantage dans la communauté et de reprendre sous son aile des jeunes dont les revendications décomplexées ne plaisent pas aux autorités de Pékin.
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