Près de 300 manifestants, dont plusieurs n'appartenaient pas à la communauté chinoise, se sont retrouvés en début de soirée place de la République à Paris. Brandissant des affiches «Police colonialiste» et «Wake up French Asians ! You are still oppressed in this country» (Réveillez-vous asiatiques de France, vous êtes encore opprimés dans ce pays), ils ont organisé dans le calme «un débat dépassant la communauté asiatique» sur les «violences policières».
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«On veut montrer notre solidarité avec tous les "racisés", c'est important de mettre en lien toutes les victimes», a affirmé une Chinoise de 33 ans préférant garder l'anonymat et brandissant une pancarte avec les noms de plusieurs autres victimes de la lutte contre les «violences policières».
«L'enquête n'a pas encore abouti, nous souhaitons un rassemblement pacifique», a expliqué Leo Takeuchi, 25 ans, porte-parole de l'association Asia 2.0.
Yehman Chen, un Chinois de 49 ans, se dit «révolté». «C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, les Chinois ont été méprisés par le gouvernement alors qu'ils ne demandaient rien d'autre que la sécurité. Mon sentiment c'est qu'ils sont venus à son appartement pour le tuer», a-t-il dit au sujet de la police.
Comme a pu le constater un journaliste de RT France présent sur place, un autre rassemblement s'est ensuite reformé place de la Bastille, où environ 400 personnes, selon une source policière, ont scandé des slogans tels que «La vérité ! La vérité !» et «Injustice !», dans une ambiance revendicative.
Les manifestants ont observé une minute de silence. Un drapeau chinois et une banderole «Pour la paix, la justice et contre la violence» étaient déployés. Devant les marches de l'Opéra Bastille, un tapis de fleurs était déposé avec le message «Repose en paix Liu Shaoyo» et des bougies formaient les mots «Justice Vérité».
Le soir du 26 mars, Shaoyo Liu, 56 ans, a été la cible du tir d'un policier alors que, selon la police, il agressait avec des ciseaux un autre agent. Les forces de l'ordre assurent avoir agi en situation de légitime défense.
Cette version est contestée par la famille, qui affirme que le quinquagénaire «n'a blessé personne» et que l'homme, qui se trouvait avec ses enfants, était «en train de tailler des poissons avec des ciseaux».
C'est la quatrième soirée consécutive de manifestation. Le 29 mars, un rassemblement devant l'Hôtel de ville de Paris avait été émaillé d'incidents. Deux manifestants avaient été légèrement blessés ainsi que six CRS.
Les 27 et 28 mars, des manifestants s'étaient retrouvés devant le commissariat du XIXe arrondissement. Au cours de ces deux soirées, 45 personnes dont huit mineurs avaient été placées en garde à vue pour jets de projectiles et violences sur policiers. La famille de Shaoyo Liu avait ensuite lancé un appel au calme.