France

Manuel Valls chahuté par la presse après son ralliement à Macron

L'ex-Premier ministre fait face à de sévères critiques dans la presse des 29 et 30 mars. Son ralliement au candidat d'En Marche ! ne passe pas, les partisans du vainqueur de la primaire de la gauche Benoît Hamon n'hésitant pas à parler de trahison.

Manuel Valls n'a visiblement pas fini de s'attirer les foudres de l'opinion depuis qu'il a annoncé soutenir Emmanuel Macron à la présidentielle. Lui qui, durant la primaire socialiste, avait assuré qu'il soutiendrait le candidat vainqueur pour une gauche rassemblée, se voit reprocher par les militants du parti d'avoir retourné sa veste. Ce que la presse n'a pas manqué de relever. 

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«Monsieur Déloyal», titre ainsi le quotidien Libération dans sa Une du 30 mars, avant d'enchaîner avec un éditorial intitulé «Valls, le pivot devenu girouette». Deux formules ciselées qui stigmatisent l'attitude de l'ancien Premier ministre.

«Il était l’apôtre d’une gauche qui pense le réel. Il devient l’homme d’une gauche qui prend le vent. Il voudrait être le pivot d’un grand rassemblement progressiste. Le voilà changé en girouette. Il y a décidément une victime dans cette campagne : le respect de la parole donnée», s'insurge le directeur de la rédaction Laurent Joffrin.

Même son de cloches pour Le Figaro, dont le chroniqueur Guillaume Tabard qualifie Manuel Valls de «parjure [...] comme François de Rugy avant lui». Il estime cependant que ce n'est pas la «trahison» de Manuel Valls qui plombe la campagne de Benoît Hamon, mais «l'effondrement de la candidature socialiste qui provoque un sauve-qui-peut à gauche dont Emmanuel Macron tire profit».

De son côté, le quotidien Le Monde considère qu'en ralliant le candidat de En Marche !, l'ex-Premier ministre prend le risque de «faire imploser le PS», tandis que la Une du quotidien catholique La Croix s'interroge sur la possible «fin d'un parti». 

Dans Le Parisien, le journaliste Jean-Marie Montali estime que «le Parti socialiste, celui d'Epinay, capable de rassembler autour d'un programme commun, est mort hier, sans panache, rongé par les rivalités idéologiques et personnelles» et «Valls a planté le dernier clou du cercueil».

Cécile Cornudet, du quotidien économique Les Echos, estime que «Manuel Valls a sans doute précipité ce qu’il avait lui-même théorisé. Les deux gauches du PS ne se réconcilieront plus. Epinay a vécu».

«En reniant ainsi son engagement de la primaire, Manuel Valls affaiblit un peu plus la parole politique, déjà abîmée dans cette campagne», commente Bruno Dive de Sud-Ouest. Pour Gilles Grandpierre de L'Union, «cette promesse était donc un chiffon de papier. Il s’est dédit. Politiquement, l’effet n’est pas glorieux».

Bien peu, finalement, trouvent des circonstances atténuantes au théoricien des deux gauches «irréconciliables» du PS. Pour Michel Urvoy de Ouest-France, «on pourrait tout autant reprocher à Benoît Hamon son flirt douteux avec la gauche radicale».

Manuel Valls se dit même prêt à travailler avec la droite

L'ex-Premier ministre n'a vraisemblablement pas fini d'énerver les socialistes. Quelques heures après avoir annoncé son ralliement à Emmanuel Macron, il est allé plus loin encore. Dans un entretien à l'OBS, il s'est dit prêt à travailler avec la droite pour redresser le pays en cas de victoire de François Fillon : 

«Si François Fillon sortait vainqueur de ce combat, il faudrait aussi chercher à trouver des compromis. […] Il faut en finir avec les dogmes. Ne plus s'enfermer dans des postures figées, politiciennes, repliées sur elles-mêmes.»

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