France

EN CONTINU : Sécurité, immigration, laïcité - les candidats confrontent leurs opinions

TF1 organise ce 20 mars à 21h un débat inédit en France entre cinq des onze candidats. François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ont trois heures pour convaincre, à un mois du premier tour de l'élection.

Mardi 21 mars

A peine le dernier mot prononcé, le public se lève en trombe et se rue vers la sortie. D'une durée initialement prévue de 2 heures et demie, l'émission aura dépassé d'au moins une heure.

Marine Le Pen a conclut son intervention par un plaidoyer contre l'Union européenne mais également en mettant en avant sa volonté de recourir à un référendum. «Je ne sais pas ce que vous déciderez : vous voterez oui, vous voterez non, mais vous déciderez», a-t-elle déclaré.

«J'ai pu commettre quelques erreurs, j'ai quelques défauts, mais j'ai de l'expérience». Plaidoyer sous forme d'auto-critique pour le final de François Fillon.

«Le Front Al-Nosra, le gouvernement socialiste en disait le plus grand bien» a martelé Marine Le Pen. Alors que Benoît Hamon lui rétorquait qu'elle disait «n'importe quoi», François Fillon a confirmé les propos de la candidate du Front national. 

François Fillon a déploré que la France n'ait pas eu «son mot à dire» en Syrie et dans la lutte contre l'Etat islamique en refusant de travailler avec la Russie. «Le gouvernement auquel vous apparteniez a livré des armes aux rebelles» a-t-il lancé à Benoît Hamon.

Jean-Luc Mélenchon, refusant «la guerre automatique des Américains» et «l'alignement derrière des Empires», a déclaré vouloir être «le président de la paix».

Jean-Luc Mélenchon a plaidé pour un dialogue avec la Russie sur la question des frontières et notamment celle de la frontière entre la Crimée et l'Ukraine. «Je vois les liens entre la Crimée et la Russie, mais enfin, on peut discuter !». Benoît Hamon s'est frontalement opposé au candidat de la France insoumise sur ce point, accusant Vladimir Poutine d'avoir «violé les frontières d'un Etat souverain». «Quand on discute avec monsieur Poutine, mieux vaut arriver quelques arguments derrière».

«En Irak, s'il y avait eu une défense européenne, nous aurions été obligés d'aller faire la guerre et Chirac n'aurait pas pu dire non», a lancé Marine Le Pen. «J'ai aimé Chirac quand il a dit non», a-t-elle expliqué.

«Moins d'Amérique, ce doit être plus d'Europe» estime Benoît Hamon qui plaide pour une défense européenne suite à ce qu'il qualifie de «désengagement» des Etats-Unis. Il a également accusé la Russie d'être la cause de l'«instabilité internationale».

Emmanuel Macron est encore une fois «d'accord» avec l'un de ses adversaires.

Après avoir multiplié les signes d'approbation à son encontre en début de débat, Emmanuel Macron a fini par prendre à parti François Fillon sur la question des retraites.

«Le programme de Marine Le Pen, c'est le programme commun de la gauche en 1981» a lancé François Fillon lorsque la candidate du Front national a expliqué vouloir conserver l'âge de départ à 60 ans.

«On ne sort pas de la monnaie européenne, on ne sort pas de la protection que nous accorde la banque centrale européenne» s'est inquiété François Fillon face à Marine Le Pen. 

Emmanuel Macron critique l'idée de revenu universel de Benoît Hamon en soulignant qu'«à la fin, il faut que quelqu'un paie». Selon lui, cette proposition se traduirait inévitablement par une hausse d'impôts.

Marine Le Pen fustige la «culpabilisation des Français» en matière de chômage et de travail. «Moi, en tant que présidente de la République, je serai chargée de créer de l'emploi en France et pas dans les pays voisins», martèle-t-elle.

Rappelant les enjeux européens sur cette question, la candidate du Front national a de nouveau exposé les principes du protectionnisme économique qu'elle propose.

Débat technique et quelque peu inaudible sur la question du temps de travail. Les quatre candidats s'écharpent sur les bilans respectifs de François Hollande et de François Fillon en matière de travail. Evoquant le modèle allemand, François Fillon se voit opposé le taux de pauvreté outre-Rhin par Benoît Hamon. Marine Le Pen reste silencieuse.

«C'est la Roumanie que vous voulez ?» lance Jean-Luc Mélenchon à François Fillon, qui déplorait que la France soit, selon lui, le pays d'Europe «où le volume horaire de travail est le plus faible». Le candidat des Républicains y voyait la cause principale du chômage en France.

C'est l'heure de la pause publicité. Après plus d'une heure et demie de débat, Twitter semble se passionner pour le débat et place tous les candidats (à l'exception d'Emmanuel Macron) dans les tendances du réseau social.

Benoît Hamon prône l'indépendance énergétique en mettant en avant les énergies renouvelables.

Pour Marine Le Pen, la question écologique doit être abordée sous l'angle de l'«ultralibéralisme» : en développant les circuits courts de production, elle entend «réduire l'impact énergétique et polluant» des importations et exportations. Elle conteste également l'idée d'une fiscalisation désincitative sur le diesel.

Après une nouvelle accusation de conflit d'intérêt avec les intérêts privés à destination d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen s'attire un soutien momentané de Jean-Luc Mélenchon : «C'est pas faux !»

«Vous dîtes que la campagne a été polluée par des affaires, pardon, mais pas moi ! Ca ne concerne que deux d'entre nous, laissons les trois autres en dehors de ça», lance Jean-Luc Mélenchon à l'attention de Marine Le Pen et François Fillon.

«Tiens, il y a un débat au PS !», s'amuse Jean-Luc Mélenchon face à la controverse engagée entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron, provoquant l'hilarité du public.

«J'ai autour des moi dans gens qui sont dans la vie politique depuis des années et entourés de gens qui sont dans un renouvellement de façade» lance Emmanuel Macron après une pique de Benoît Hamon sur sa proximité avec certains groupes privés.

Visiblement gêné lorsque Benoît Hamon lui demande de garantir qu'il n'y a pas parmi ses donateurs «plusieurs grands cadres de l'industrie pharmaceutiques, pétro-chimiques ou bancaire», Emmanuel Macron s'en remet à la loi : «Je ne demande pas leur carte d'identité, l'identité des donateurs est protégée par la loi».

«Le référendum d'initiative populaire que je propose, c'était une des promesses de Nicolas Sarkozy qu'il n'a pas réussi à tenir» lance Marine Le Pen à l'attention de François Fillon. 

Jean-Luc Mélenchon, partisan d'une nouvelle constitution, veut y intégrer le droit à l'avortement ainsi que celui à l’euthanasie, «stade suprême de la liberté».

«C'est un débat entre madame Le Pen et monsieur Mélenchon ou on peut en placer une ?» demande François Fillon lors de l'échange tendu entre les deux candidats au sujet du voile.

Lundi 20 mars

Plutôt que de parler de religion dans la société, Jean-Luc Mélenchon préfère rappeler que 60% des Français se déclarent athées «et trouvent qu'on en parle trop». Plus flou, Emmanuel Macron se contente d'évoquer la nécessité «d'appliquer les règles de la laïcité».

Marine Le Pen estime que la laïcité n'avait «jamais subi de remise en question pendant un siècle». Accusant Emmanuel Macron d'être pour le burkini, ce qui suscite des rires moqueurs parmi le public, ce dernier s'agace et lui répond qu'il n'a «pas besoin de ventriloque».

Sur la question migratoire, des visions très différentes s'opposent. Jean-Luc Mélenchon estime que «l'immigration est un exil forcé» et refuse de fixer un nombre maximal d'immigrés que pourrait accueillir la France, préférant «arrêter les guerres». Benoît Hamon veut donner aux migrants le droit de travail pour mieux les insérer et dénonce «un commerce électoral» de la part d'autres candidats.

Marine Le Pen affirme qu'elle veut «arrêter l'immigration» en rétablissant des frontières. «Elles ne sont pas illusoires, monsieur Fillon», lance-t-elle au candidat des Républicains. Rappelant les chiffres de la pauvreté et du chômage, elle martèle que la France n'a «rien à leur offrir» et prône un «signal honnête» à destination des pays d'émigration.

«Nous ne sommes pas en présence majoritairement de réfugiés, mais d'hommes et de femmes qui fuient la pauvreté», estime François Fillon, qui tance Emmanuel Macron pour avoir félicité Angela merkel sur sa politique migratoire. Ce dernier venait de plaider pour une politique migratoire coordonnée à l'échelle européenne.

Revenant sur la proposition de François Fillon d'abaisser la majorité pénale à 16 ans, Marine Le Pen souligne que le candidat des Républicains l'avait déjà promis en 2006. «Je me demande pourquoi il ne l'a pas fait quand il était au pouvoir», s'interroge-t-elle.

Jean-Luc Mélenchon aborde le sujet de la délinquance par un autre angle, en pointant du doigt «les délinquants du fisc». 

Pour «en finir avec la clochardisation de la justice», le candidat de la France insoumise propose d'augmenter le budget de l'institution.

Benoît Hamon pointe du doigt une «hostilité entre la population et les policiers», soulignant les dérives des deux côtés et mettant l'accent sur les contrôle au faciès. «Cela ne veut pas dire que notre police est raciste», précise-t-il toutefois.

Marine Le Pen rappelle que 12 000 postes de policiers et gendarmes ont été supprimés sous François Fillon et que ceux-ci n'ont pas été recréés sous la présidence de François Hollande. «Des milices factieuses organisent des manifestations contre la police», estime Marine Le Pen, évoquant des actes violents contre les forces de l'ordre : elle désire rétablir les peines plancher, les peines de substitution et annonce vouloir «réarmer la police».

François Fillon «ne croit pas» que l'on puisse créer des postes supplémentaires dans la police ou dans la justice car «la France est endettée». Il qualifie les propositions de Marine Le Pen d'«irréalisables».

Jean-Luc Mélenchon alpague Marine Le Pen qui dit vouloir favoriser l'apprentissage du français. «Non, ce n'est pas l'apprentissage en français, mais l'apprentissage du français», lui répond-elle.

Elle indique également vouloir supprimer le collège unique et la promotion des langues maternelles autre que le français à l'école. La candidate du Front national, accusée par Benoît Hamon de promouvoir un débat «nauséabond», met également l'accès sur la sécurité à l'école.

«Pourquoi, si vous accordez autant d'importance à l'enseignement professionnel, avez-vous fermé 170 lycées professionnels ces dernières années ?», demande Jean-Luc Mélenchon à François Fillon. Rappelant sa proposition de rémunérer les lycéens professionnels dès 16 ans, il souligne que l'école doit être gratuite, y compris «les livres et même la cantine».

«Quel peuple voulons-nous être ?», préfère se demander Benoît Hamon. «Je serai un président honnête et juste», assure le candidat socialiste, qui pointe du doigt «l'argent et les lobbys».

Marine Le Pen veut être la présidente de «l'indépendance nationale» pour laquelle «sont morts des millions de Français dans l'Histoire». Selon elle, les Français «ont le droit de choisir d'aider prioritairement leurs entreprises nationales» sans se faire «sermonner» par des structures supranationales. Elle indique également vouloir établir la proportionnelle.

Jean-Luc Mélenchon répète qu'il sera «le dernier président de la 5e République», car il entend convoquer une assemblée constituante sitôt élu. Dans l'après-midi du 18 mars, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon affirmait avoir rassemblé 130 000 manifestants à Paris, autour de l'idée d'une réforme constitutionnelle. Il confirme également qu'il sortira la France de l'OTAN.

François Fillon estime que la présence des seuls cinq «grands» candidats au débat de TF1 «pose une question démocratique». Selon ces mêmes règles, il n'aurait pas pu participer à tel débat lors de la primaire de la droite, qu'il a pourtant gagnée contre toute attente, estime-t-il.

Emmanuel Macron dit «se joindre» aux critiques de François Fillon sur l'absence des petits candidats. Assumant son passé de banquier dont il dit être «fier». Marine Le Pen demande à TF1 d'organiser un débat pour les six candidats qui n'ont pas été conviés ce soir, «dans les mêmes conditions».

Par tirage au sort, Emmanuel Macron se trouvera placé au centre. Chacun des candidats aura 1 minute 30 secondes pour faire sa profession de foi. François Fillon parlera le premier, suivi de Jean-Luc Mélenchon, puis Emmanuel Macron, Marine Le Pen, et enfin, Benoît Hamon. Le débat doit durer (au moins) 2 heures 30 minutes.

Pendant ce temps, l'«Autre débat» oppose les candidats, écartés du débat de TF1, Jacques Cheminade et Nathalie Arthaud sur Facebook.

Marine Le Pen est arrivée sur le plateau de TF1.

«A ce moment-là, on change la constitution et c'est le président de TF1 qui désignera les candidats», a lancé Nicolas Dupont-Aignan en plateau sur TPMP. Avant d'ajouter : «Ce sera la dictature».

Nicolas Dupont-Aignan a appelé François Fillon à ne pas participer au débat, par solidarité.

Le candidat de Debout la France, écarté de la liste des «grands candidats» par TF1, doit participer à l'émission Touche pas à mon poste, sur C8.

Lire aussi : Fâché avec TF1, Nicolas Dupont-Aignan organise son contre-débat... avec Cyril Hanouna

Sur les réseaux sociaux, les équipes de campagne et les soutiens des candidats ont déjà commencé à s'affronter.

Avant le débat, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a apporté son soutien à Benoît Hamon. Et fustigé Marine Le Pen : «Nous avons déjoué un très grand nombre d'attentats [...] grâce aux services de renseignement», a-t-il fait valoir, «tout cela mérite mieux que les propos de Marine Le Pen qui a oublié de remercier les forces de l'ordre. 

Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes revendiquent de ne pas regarder le débat afin de protester contre la décision de TF1 d'avoir effectué un tri entre les candidats invités.

A l'aide du mot-dièse #boycottTF1, ils tentent de convaincre les autres téléspectateurs d'en faire autant.

Jean-Christophe Cambadélis (PS) estime qu'Emmanuel Macron s'est «bayroutisé». Le secrétaire général du PS s'active depuis plusieurs semaines pour endiguer la fuite de l'électorat de gauche vers le candidat d'En Marche !.

Fâché avec TF1 qui ne l'a pas invité au débat, Nicolas Dupont-Aignan organise son contre-débat avec Cyril Hanouna : il sera l'invité surprise de Touche pas à mon poste (TPMP) quelques minutes avant le coup d'envoi du débat sur TF1.

Des éléments de langage de François Fillon ont fuité avant le débat, notamment des points de critique à l'encontre des programmes de Marine Le Pen et Emmanuel Macron. C'est ce dernier qui semble le plus concentrer l'attention du candidat des Républicains, qu'aucun sondage ne donne au second tour jusqu'ici.

Jamais encore un débat entre plusieurs candidats n'avait été organisé en France avant le premier tour de la présidentielle. A bien des égards, le scrutin à venir s'annonce d'ores et déjà unique en son genre : jamais le résultat n'avait été aussi incertain, ni les deux principaux partis politiques, le Parti socialiste (PS) et les Républicains (LR) autant mis en difficulté. Le grand oral auquel participeront François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ce 20 mars sur TF1 à 21h constitue donc un enjeu de taille pour chacun d'entre eux. Pendant trois heures, ils seront interrogés sur leurs programmes respectifs. Economie, environnement, politique étrangère, Europe... les points de désaccords sont nombreux et les échanges promettent d'être animés.

Il est à noter que TF1 n'a pas souhaité inviter les six autres candidats, en se basant sur les sondages qui ne leur accordent que des intentions de vote à un chiffre – voire inférieures à 1%. Nathalie Arthaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle et Philippe Poutou n'ont donc pas été conviés. Nicolas Dupont-Aignan avait quitté le plateau du journal télévisé de TF1 le 18 mars pour dénoncer une «absence de démocratie». Quant à Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade et Philippe Poutou, ils débattront à 19h30 sur Explicite, le média vidéo lancé sur internet par les anciens d'iTélé, dans une formule interactive retransmise sur Facebook en direct.