France

Une ancienne responsable de centre de déradicalisation devant la justice pour détournement de fonds

Sonia Imloul est accusée d'avoir utilisé son association, soutenue par le gouvernement, pour détourner des subventions publiques. Cette affaire intervient alors que se multiplient les interrogations quant à l'utilité de ces centres.

L'ancienne responsable d'un centre de déradicalisation de Seine-Saint-Denis, Sonia Imloul, comparaît ce 13 mars devant le tribunal correctionnel de Paris pour détournement de fonds publics, blanchiment d'argent et travail dissimulé. 

Militante associative plutôt médiatique, Sonia Imloul devait incarner la politique de déradicalisation du gouvernement en dirigeant la Maison de la prévention et de la famille, structure inaugurée en 2014. Elle est accusée d'avoir détourné 60 000 euros de subventions sur son compte bancaire personnel. Elle est également soupçonnée d'avoir fait travailler trois personnes sans contrat de travail... ni salaire. 

Dans un contexte de forte médiatisation du centre, une enquête avait été ouverte dès août 2015. Les autorités avaient été prévenues en juin 2015 par plusieurs collaborateurs de Sonia Imloul. Deux mois plus tard, le gouvernement annonçait la suspension de sa coopération avec l'association. 

Derrière le scandale, la question de l'utilité des centres de déradicalisation

Julien Revial, un ancien collaborateur de Sonia Imloul, avait révélé au public les dessous d'une association à la dérive dans un livre publié à l'automne 2016. On y apprenait notamment que la directrice du centre n'hésitait pas à «gonfler les chiffres». «Seuls trois dossiers de prévention de la radicalisation ont réellement abouti : les autres familles qui venaient – une quinzaine – avaient déjà vu leurs enfants partir, et l'on n'était plus vraiment dans la prévention», écrit-il notamment.

Le bluff de Sonia Imloul semble pourtant avoir bien fonctionné, puisque, jusqu'à ce que le scandale éclate, le gouvernement affichait un fier soutien à la Maison de la prévention et de la famille. Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, était venu y partager un couscous avec le personnel en 2014, note Le Figaro. «On développe et on duplique», aurait-il alors conclu à la fin du repas. Le succès médiatique était aussi au rendez-vous... au point de prendre le pas sur les réelles activités du centre, selon Julien Revial. «Nous recevions plus de journalistes que de familles», affirme-t-il.

A la fin du mois de février dernier, un rapport parlementaire cinglant avait déjà souligné le manque de résultat des dispositifs déployés pour prévenir la radicalisation des jeunes. A titre d'exemple, les parlementaires évoquaient le centre de Pontourny, en Indre-et-Loire qui, faute de candidats, était vide. Le 10 mai 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre, annonçait un plan de lutte contre l'endoctrinement djihadiste prévoyant notamment la mise en place de 12 nouveaux centres dans toute la France. A l'heure actuelle, aucun d'entre eux n'a été ouvert.

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