France

La Ve République «épuisée», Bartolone n'exclut pas de voter Macron pour contrer Le Pen

Inquiet du programme porté par Benoît Hamon, qui à ses yeux ne s'adresse pas suffisamment aux «sociodémocrates», le président de l'Assemblée nationale évoque un «scénario» inédit où les deux partis historiques seraient absents du second tour.

Le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a déclaré, dans un entretien au journal Le Monde publié le 7 mars, qu'il avait «du mal à [se] reconnaître» dans la campagne menée par le candidat du Parti socialiste (PS), Benoît Hamon.

«J’ai des divergences de fond avec lui, notamment sur la question de la fin du travail», a-t-il précisé, faisant référence à la proposition controversée de Benoît Hamon d'instaurer un revenu minimum universel.

Soutien de Manuel Valls lors de la primaire de la gauche, Claude Bartolone souhaiterait un recentrage de la campagne du PS. Il a appelé son parti à «entendre» les voix des «électeurs sociodémocrates qui votent traditionnellement pour le PS et ne se sentent pas pleinement représentés» par Benoît Hamon.

Tout en concédant que les propositions actuelles du candidat socialiste ne suffiront pas, le président de l'Assemblée nationale n'exclut pas de voter pour Emmanuel Macron afin de faire barrage au Front national (FN). Depuis plusieurs mois, aucun sondage ne donne le candidat socialiste présent au second tour, quand ceux qui voient Emmanuel Macron affronter Marine Le Pen se multiplient. «On ne peut pas laisser le FN caracoler en tête du premier tour, avec un écart qui pourrait [la] mettre dans une position dangereuse en vue du second», s'est-il justifié, précisant que cette question le «préoccup[ait] tous les jours».

Selon Claude Bartolone, la présidentielle présenterait un scénario que nous n’avons «jamais connu». Il considère que l'absence des deux principaux partis du second tour prouverait que «nous avons épuisé le système originel de la Ve République» pourtant dessinée sur le modèle promu par le général de Gaulle de dépassement des partis politiques. 

A peine désigné candidat du PS, Benoît Hamon avait dû faire face aux critiques de tous bords à l'égard de son programme : son projet de rupture est attaqué par les hollandistes et son ancrage trop à gauche lui est reproché à sa droite. La déclaration de Claude Bartolone apparaît comme un signe supplémentaire de l'introuvable unité de la gauche après le quinquennat de François Hollande.

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