Ce 23 février 2017 au soir, l'ambiance était électrique sur le plateau de BFMTV. il faut dire que tous les ingrédients étaient là, notamment la présence de David Doucet, le rédacteur en chef des Inrocks, mis en cause pour sa Une consacrée au blogueur Mehdi Meklat, le 1er février 2017.
A quelques minutes de la fin de l'interview, la présentatrice Nathalie Lévy souhaite revenir sur le soutien en forme d'hommage d'un responsable du Ku Klux Klan aux Etats-Unis, David Duke, à Jean-Marie Le Pen. Florian Philippot s'en prend alors vivement au «bureau de Washington» de l'AFP.
«C'est une crapulerie de l'AFP en guerre contre l'antisystème que nous sommes», s'insurge le vice-président du Front national, accusant l'agence de presse d'avoir remonté le tweet d'un «cinglé», dans une dépêche reprise par de nombreux médias. Avant d'ajouter, taquin : «Il paraît que [David Duke] regarde BFMTV on m'a dit, je ne sais pas si c'est vrai... qu'il lit les Inrocks aussi». Provoquant ainsi les rires de David Doucet.
«Alors préparez-vous à une dépêche contre vous, préparez-vous», lance alors Florian Philipppot, avant de dénoncer un deux poids deux mesures, selon lui, de l'AFP en fonction du parti politique concerné. Florian Philippot revient alors sur une affaire, dévoilée par le Canard Enchaîné, et relayée par l'AFP, celle de l'assistant parlementaire d'un sénateur socialiste soupçonné d'apologie du terrorisme sur sa page Facebook. Florian Philippot reproche à l'AFP de n'avoir pas, dans ce cas, donné les noms du sénateur comme de son assistant, dénonçant un deux poids deux mesures dans le traitement de l'information.
«L’assistant, c’est monsieur Yacine Chaouat, ancien responsable socialiste à l’intégration. Le sénateur socialiste, c’est monsieur Roger Madec qui est aujourd’hui un soutien d’Emmanuel Macron, c’est peut-être pour ça d’ailleurs qu’on a tu son nom», lance-t-il, «les Français ont le droit de savoir surtout quand il s'agit d'apologie du terrorisme [mais] l'AFP est en guerre». «Ils auront eu le message», conclut alors Nathalie Lévy.
Selon une nouvelle dépêche de l'AFP publiée 24 février 2017 – qui cette fois donne les noms – Yacine Chaouat a déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse. L'agence rappelle par ailleurs que ce dernier avait dû démissionner en juin 2015 de son poste de secrétaire national adjoint du Parti socialiste en raison d'une condamnation pour violences conjugales remontant à 2010.
Florian Philippot versus David Doucet
Mais l'échange ne s'arrêt pas là. Mis en cause sur la présence de Frédéric Châtillon dans l'équipe de campagne du Front national, présenté par David Doucet comme une personnalité «radicale» et «sulfureuse», Florian Philippot déploie alors à l'antenne la couverture des Inrocks où Mehdi Meklat et Christiane Taubira font la Une.
«Est ce que vous condamnez ça ?», lance-t-il à David Doucet tandis que Nathalie Lévy s'efforce de changer de sujet. Ne lâchant pas, le vice-président du Front national, poursuit et cite les tweets «sulfureux» de Mehdi Meklat : «Faites entrer Hitler pour tuer les juifs», commence-t-il, «J'enfonce des ampoules dans le cul de Brigitte Bardot jusqu'à ce qu'elle vomisse du sang».
Mehdi Meklat, ancien collaborateur du Bondy Blog, a invoqué un «personnage imaginaire» pour expliquer les tweets incriminés. Et le magazine Les Inrocks a publié un éditorial pour s'expliquer sur sa présence en Une. Le blogueur-journaliste, se disant menacé par la «fachosphère» a décidé de quitter la France.
Au lendemain de l'émission, le Front national a par ailleurs dénoncé la disparition de la vidéo de l'échange tendu sur le site de BFMTV.
Ce n'est pas la première fois que Florian Philippot s'en prend aux médias en général, et à l'AFP en particulier. Le 20 février 2017, le vice-président du Front National épinglait une dépêche de l'agence consacrée à une synthèse des programmes des principaux candidats à l'élection présidentielle.
Tandis que certains des candidats se disent victimes d'une «ingérence russe» et que d'autres s'en prennent aux médias mainstream, lesquels partent, eux, en guerre contre les «fake news», la campagne présidentielle française semble prendre une tournure américaine.