France

Affaire Théo : plusieurs dizaines d'artistes dénoncent les violences policières, la police répond

Libération a publié le 15 février une tribune dans laquelle des artistes apportent leur soutien à Théo, victime d'un viol présumé par des policier. En réponse, le directeur de la police nationale a dénoncé «de graves accusations de racisme».

Pas de tutoiement, meilleure formation des jeunes policiers, retour de la police de proximité : des dizaines d'artistes énoncent des pistes pour mettre fin aux violences policières dans une tribune publiée dans Libération à paraître mercredi 15 février après le viol présumé du jeune Théo lors de son interpellation. 

Rédigée par un ex-adjoint au maire de Brétigny-sur-Orge (Essonne), Steevy Gustave, cette tribune est notamment signée par les chanteurs Patrick Bruel, Hugues Auffray, les comédiens Josiane Balasko, Jean Benguigui et Mathilda May, le réalisateur Nils Tavernier, le directeur du festival d'Avignon Olivier Py ou encore l'humoriste Anne Roumanoff.

Qualifiant de «brebis galeuses» et d'«agents du désordre» les quatre policiers mis en examen, dont un pour viol, après l'interpellation de Théo le 2 février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ils considèrent que «ces monstres ne peuvent être associés aux forces de l’ordre qui nous protègent et sauvent des vies au péril des leurs».

Mais «est-ce une bavure, un fait divers de plus qui sera, lui aussi, classé sans suite ?», demandent-ils. «Dans ce pays des droits de l'Homme, y a-t-il une justice pour les hommes à la peau sombre et une pour ceux qui portent l'uniforme ? Ne devrait-elle pas être d'autant plus intraitable envers ceux qui les premiers devraient être intraitables.»

S'ils félicitent François Hollande de s'être rendu au chevet de Théo, ils se demandent «qui était au chevet de nos banlieues malades depuis de si nombreuses années ?»

De meilleures formations pour les recrues de la police

Ils proposent plusieurs pistes pour endiguer ces violences policières «avant qu'il ne soit trop tard». Notamment que «le vouvoiement soit systématiquement employé lors des contrôles», que le récépissé donné à la personne contrôlée par les policiers soit instauré «avant la fin du quinquennat» - une promesse non tenue du candidat Hollande - ou encore que les caméras-piétons soient utilisées par les policiers - une utilisation systématique promise ces derniers jours par le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux.

«Nous demandons aussi de meilleures formations pour nos jeunes policiers et le retour de la police de proximité» ainsi qu'une «vigilance accrue lors des recrutements», ajoutent-ils encore. Dans une autre tribune également publiée dans Libération, de nombreux autres artistes, parmi lesquels les chanteurs Zebda et Arthur H ou l'acteur Omar Sy, réclament justice dans l'affaire Adama Traoré, un jeune homme mort au cours de son interpellation par des gendarmes en juillet.

Ils considèrent que la «mort suspecte» du jeune homme, sur laquelle l'enquête se poursuit, n’engage pas seulement ses proches mais l’ensemble du pays et de la société française.

La police nationale dénonce «de graves accusations de racisme» 

Dans un communiqué publié dans l'après du 15 février, le préfet Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale a répondu avec colère à la tribune publiée par Libération. Il y dénonce les graves accusations de racisme portées par les auteurs de la tribune à l'encontre des policiers» et explique ne plus pouvoir tolérer que les 150 000 policiers engagés et passionnés par leur mission et leur métiers soient «ainsi salis», alors qu'ils prennent «quotidiennement des risques pour assurer la sécurité des Français parfois au péril de leurs vies».

Il dit être en colère notamment envers le fait que les auteurs de la tribune aient avancé la certitude que les forces de police seraient truffées «de jeunes militants d'un certain parti politique» et qui se seraient engagé dans les forces de l'ordre spécialement pour commettre «leurs exactions en toute impunité». 

Il ajoute également que les recrues de la police bénéficient «d'une formation de qualité adaptées aux situations qu'ils rencontrent sur le terrain» et que, lorsqu'ils commettent des fautes, ils sont rigoureusement «sanctionnés en conformités avec les règles de déontologie» en vigueur dans la police.

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