France

«Légion d'honneur pour le gifleur» de Valls ? : internet réagit entre compréhension et condamnation

Représentants politiques ou simples citoyens, la gifle donnée à l'ancien Premier ministre par un jeune Breton n'a pas laissé grand monde indifférent. Alors qu'une pétition circule pour soutenir l'auteur de l'acte, d'autres ont réprouvé sa violence.

«Salut Manu ! Moi je pense que la claque en fait, on est 66 millions à vouloir te la mettre, c'était trop bon», lance un auditeur au candidat à la primaire de la gauche, invité de la radio France Inter, le matin du 18 janvier.

Piqué au vif face à cet enthousiasme à l'égard de la gifle qu'il avait prise la veille, lors d'un déplacement à Lamballe, dans les Côtes-d'Armor, Manuel Valls rétorque : «Je combattrai la violence, je suis le candidat qui représente l'autorité [...] Quand on commence à accepter la violence, quand sur une antenne on fait profession de violence, ça veut dire qu'il y a quelque chose qui bascule.»

J'aurais aimé pouvoir lui mettre moi-même cette gifle

A l'image de cet échange, l'incident a beaucoup fait parler de lui sur la toile.

Une cagnotte et une récompense pour le gifleur ?

Sur le site de pétitions en ligne mesopinions.com, un internaute a proposé de remettre la Légion d'honneur à l'auteur de la claque, récoltant près de 3 000 signatures.

Un autre aurait lancé une cagnotte sur le site lepotcommun.fr (publication qui a depuis lors été retirée) afin de venir en aide au jeune homme qui a giflé le député de l'Essonne.

«J'aurais aimé pouvoir lui mettre moi-même cette gifle et je pense que je ne dois pas être le seul dans ce pays», justifie l'auteur de l'initiative, dans une capture d'écran publiée sur Twitter.

Sur le réseau social, l'incident a par ailleurs inspiré plusieurs illustrations parodiques.

Certains internautes ont en revanche condamné la violence de cet acte, estimant qu'il s'agissait d'un geste «antidémocratique» ou que «la seule gifle que Valls mérite doit lui être adressée dans les urnes».

Les politiques entre compréhension et condamnation

Du côté des politiques, les réactions sont elles aussi partagées.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a jugé l'acte «inadmissible», le qualifiant de geste «honteux en démocratie» et ce, «quelle que soit la personne qui en est victime». «La gauche, de manière générale, a toujours eu beaucoup de complaisance à l'égard des violences effectuées par l'extrême gauche contre ses opposants politiques», a-t-elle ajouté.

Interrogé par le média d'actualité France Info, le président du parti Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, qui veut se présenter à la présidentielle de 2017 mais n'a pas encore récolté les 500 signatures nécessaires, a fait remarquer : «Quand on se moque trop des gens, ça pète. Bien évidemment, je condamne toute forme de violence.»

Lui aussi aspirant candidat à l'élection présidentielle, le président de l'Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau, a tweeté : «Valls devrait arrêter. Sa simple candidature est une provocation pour les Français.»

Le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, interviewé par la chaîne télévisée BFMTV, a de son côté condamné l'acte du jeune Breton. «On ne peut pas régler le problème politique par la violence. Je comprends qu'il y ait de la frustration, qu'il y ait des gens en colère, mais il faut que le débat politique reste serein», a-t-il déclaré.

L'ancienne secrétaire d'Etat et aspirante à l'élection présidentielle Rama Yade a pour sa part dénoncé «un manque total de respect», sur les ondes d'Europe 1.

«Scandaleux ! Mais quand on laisse tout faire, tout arrive. De l'ordre et du respect, vite !», a enfin tweeté le député RBM (Rassemblement Bleu Marine, proche du Front national) du Gard, Gilbert Collard.

De passage en Bretagne pour sa campagne, le candidat à la primaire de la gauche Manuel Valls a reçu une légère gifle de la part d'un jeune homme de 18 ans, Nolan L., qui a lancé avant de porter la main sur l'ancien Premier ministre : «Ici c'est la Bretagne !»

Le jeune homme a été mis à terre avec violence par le service d'ordre de Manuel Valls. Il a ensuite été placé en garde à vue pour «violences sur une personne chargée d'une mission de service public», a indiqué le parquet de Saint-Brieuc.

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