«Les éléments constitutifs d'une infraction d'abus d'autorité ne sont pas réunis», a déclaré le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre au cours d'un point presse. Sandra Bertin, policière municipale, avait saisi d'un signalement pour abus d'autorité le procureur dix jours après l'attentat commis le 14 juillet sur la promenade des Anglais, le même signalement ayant été effectué par le maire de Nice, Philippe Pradal, et son premier adjoint Christian Estrosi.
A la suite d'une enquête confiée à l'Inspection générale de la police nationale, le procureur de Nice a estimé que les faits s'étaient déroulés dans «un contexte particulièrement tendu», un contexte où les gens étaient fatigués et où on avait la possibilité de «sur-interpréter telle ou telle chose».
Christian Estrosi et Philippe Pradal ont réagi à cette décision en annonçant leur intention de vouloir «s'adresser à un juge d'instruction» en déposant «dans les meilleurs délais» une plainte avec constitution de partie civile. Adrien Verrier, avocat de Sandra Bertin, a lui aussi indiqué avoir décidé de déposer une nouvelle plainte pour que cette affaire soit confiée «à un juge d'instruction impartial et indépendant qui sera chargé de faire toute la lumière de façon contradictoire et de façon complète sur ce dossier».
Les procureurs dépendent en effet du ministère de la Justice.
Dans un contexte alors marqué par la polémique opposant les élus locaux au gouvernement sur le dispositif de sécurité mis en place dans la ville le soir de la fête nationale, Sandra Bertin avait affirmé avoir été contrainte par des policiers parisiens de faire apparaître sur un rapport «modifiable» des effectifs policiers que cette responsable de la vidéo-surveillance ne voyait pas sur les images prises par les caméras de la ville lors de l'attentat. Ces accusations lui avaient valu d'être visée par une plainte pour diffamation par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur : elle comparaîtra le 7 juin dans ce dossier à Paris.