Le célèbre agent italo-néerlandais transfère depuis cet été les revenus issus des droits d'image de Paul Pogba à une «coquille offshore» nommée Aftermath et immatriculée à Jersey, l'une des îles de la Manche, à fiscalité avantageuse. Cette société est détenue par un prête-nom, le cabinet local Whitmill Nominees, une pratique courante, précise le site d'investigation.
Le montage financier s'est fait peu avant la signature par le Francilien d'origine d'un juteux contrat de sponsoring avec Adidas, estimé entre 25 et 40 millions d'euros, en mars 2016.
Selon l'enquête, Paul Pogba avait auparavant été floué par son premier agent, Oualid Tanazefti. Ce Français, qui a découvert le joueur à l'âge de 13 ans, lui avait fait signer en 2014 un contrat par lequel il s'appropriait les revenus liés à ses droits à l'image pendant quinze ans via une société luxembourgeoise, Koyot Group.
Mino Raiola, sollicité par Oualid Tanazefti pour s'occuper de la jeune pépite avant d'entrer en conflit avec lui, a fini par orchestrer le rachat des droits à l'image et de les transférer à une société basée à Jersey.
«Football Leaks» : devinez qui est le joueur le mieux payé au monde ...
Les millions de Raiola
Selon l'enquête, Mino Raiola a perçu de la part de la Juventus 10 millions d'euros durant la période où Paul Pogba évoluait au sein du club italien (2012-2016), «soit presque autant que le joueur lui-même»,« alors que la norme dans le milieu se situe plutôt entre 10% et 20%». Ni le club turinois ni l'agent n'ont souhaité justifier cette rémunération mirobolante.
Mino Raiola a également touché une commission de 27 millions d'euros lors du transfert de son protégé à Manchester United, selon les données de «Football Leaks».
Paul Pogba (23 ans, 44 sélections et 8 buts en équipe de France), devenu cet été le joueur le plus cher du monde, avec un transfert de la Juventus Turin à Manchester United contre une indemnité de 105 millions d'euros hors bonus, a refusé de répondre aux questions du site.
Cité par Mediapart, Mino Raiola estime que ces informations sont «imaginaires, inexactes ou en tout cas déformées», et Oualid Tanazefti les estime «totalement ou partiellement fausses, et/ou procèdent d'interprétations erronées et décontextualisées».
«Football Leaks» est une enquête de 12 médias européens sur les coulisses du foot-business, qui a déjà pointé les pratiques d'évasion fiscale de stars comme Cristiano Ronaldo ou José Mourinho.
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