France

La candidature de Valls à la primaire risque d'entraîner la gauche vers un «suicide collectif»

La possibilité de la candidature Manuel Valls à la primaire de la gauche sème la panique dans le camp socialiste, à tel point que le porte-parole du PS a évoqué la possibilité d'un «suicide collectif» pour la présidentielle de 2017.

«Il n'y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre. [...] Ca n'existe pas, ça ne peut pas s'imaginer sauf dans des esprits qui ont un petit peu tendance à confondre leur ressentiment personnel avec l'intérêt général», a déclaré Stéphane Le Foll le 28 novembre, cité par AFP.

Manuel Valls a «tout à fait la possibilité» d'être candidat, «mais à ce moment-là, il n'est plus Premier ministre», a-t-il ajouté.

L'idée d'une confrontation entre François Hollande et Manuel Valls à la primaire a été lancée le 26 novembre par Claude Bartolone, en froid avec le président de la République depuis la publication du livre Un président ne devrait pas dire ça, dans lequel le chef de l'Etat se montre critique à son égard.

La gauche est proche d'un «suicide collectif»

Les tensions au sein de la gauche ne cessent de croître à l'approche de l'échéance de la primaire socialiste, à tel point que les échanges en viennent à un degré de véhémence rare dans la politique française, comme lors de l'échange entre Jean-Luc Mélenchon et Daniel Cohn-Bendit.

Le leader du Front de Gauche, refusant de participer au scrutin interne de la gauche, a fini par tout faire pour se distancier du reste de ce courant, allant jusqu'à refuser de se laisser tutoyer par Daniel Cohn-Bendit. L'ancien eurodéputé s'est emporté et a invité Jean-Luc Mélenchon a aller se «faire voir», estimant qu'il faisait preuve d'un «ridicule incroyable».

Pour le porte-parole du PS Olivier Faure, la situation est très grave. «Nous sommes dans une situation assez inédite qui est proche de ce qu'on pourrait baptiser un suicide collectif», a indiqué le député de Seine-et-Marne sur le plateau de LCP, «si nous allons vers cela, il n'y aura pas de gauche au second tour [de l'élection présidentielle] et la gauche sera éliminée pour longtemps», a-t-il ajouté.

«On ne peut pas être à la fois Premier ministre et candidat à la primaire»

Si quasiment tout les oppose, Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron sont au moins d'accord sur une chose : Manuel Valls doit démissionner.

«Quand on est Premier ministre d'un pays dont on dit chaque jour qu'il est dans une situation historiquement grave, on ne tient pas ces propos sur le président de la République», a déploré l'ex-patron de Bercy sur France 2, appelant Manuel Valls à «prendre ses responsabilités».

Une position partagée par l'ancien ministre du Redressement productif, qui s'alarme de la prise de position de Manuel Valls. «On ne peut pas être à la fois Premier ministre et candidat à la primaire. [...] Qu'il présente sa candidature et dans ce cas-là, qu'il présente sa démission», a-t-il affirmé.

L'ex-ministre de la Culture Aurélie Filippetti, qui soutient la candidature d'Arnaud Montebourg, a elle jugé qu'il fallait «que chacun dise très vite ce qu’il [voulait] faire». «Si le président veut se présenter, il faut qu’il le dise très vite, et si le Premier ministre veut se présenter il faut aussi qu’il le dise très rapidement. Maintenant, ça serait irresponsable pour l’un et pour l’autre de continuer à faire ainsi attendre, lanterner, les électeurs de gauche», a-t-elle déclaré.

Les candidatures à la primaire socialiste doivent être déposées entre le 1er et le 15 décembre avant d'être validées par la Haute autorité. Le premier tour de ce scrutin devant désigner le candidat de gauche à l'élection présidentielle doit avoir lieu le 15 janvier 2017.

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