François Fillon représenterait-il une menace pour les libertés des Français musulmans ? C'est ce que semble suggérer le Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF), qui a publié sur YouTube le samedi 26 novembre – soit la veille du scrutin qui départagera les deux finalistes de la primaire de la droite et du centre – une vidéo intitulée «Les soutiens de François Fillon ont cinq messages pour vous».
Les messages en question sont des citations de deux personnalités soutenant l'ex-Premier ministre, les députés Les Républicains (LR) Thierry Mariani et Valérie Boyer (celle-ci étant également porte-parole de François Fillon), qui ont en commun de témoigner d'un certain rejet de la visibilité des traditions liées à l'islam dans l'espace public.
Pour commencer, la vidéo du CCIF évoque un tweet de Valérie Boyer datant du 4 août dernier, dans lequel elle assimile le port du voile islamique à un comportement «extrémiste».
Vient ensuite une séquence tirée d'une émission de France 5, durant laquelle on entend Thierry Mariani dire : «Avoir son épouse qui est habillée de cette manière [voilée], eh bien excusez-moi, mais ça ne fait pas partie des traditions françaises.»
Puis un autre tweet de la porte-parole de François Fillon est exposé, dans lequel celle-ci s'engage à proposer un texte interdisant le voile, dont le port serait «perçu comme un signe d'allégeance à notre ennemi», sous-entendu les terroristes islamistes.
Retour ensuite vers Thierry Mariani, que l'on entend dire aux micros de journalistes : «On a de plus en plus de problèmes avec – pardonnez-moi – une communauté qui est quand même issue d'une religion [sous-entendu l'islam] qui par moments pose des problèmes d'intégration». En guise de 5e message, enfin, le CCIF rappelle que la députée des Bouches-du-Rhône a soutenu l'idée d'inscrire la référence aux «racines chrétiennes» de la France dans la Constitution.
La vidéo se conclut par un morceau d'une interview de François Fillon ayant récemment fait polémique : le favori de la primaire avait jugé légitime que l'Etat lutte contre certaines expressions de l'islam dans la sphère publique, de la même façon qu'il aurait par le passé «combattu la volonté des juifs de vivre dans une communauté qui ne respectait pas toutes les règles de la République française».
Alain Juppé, le concurrent de François Fillon, n'a pour l'instant pas réagi à ce soutien indirect et inattendu.
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