France

Alain Juppé VS François Fillon : duel final

Ce jeudi 24 novembre, les deux finalistes de la primaire de la droite et du centre s’affrontent une dernière fois dans un débat avant le vote de du 27 novembre. Largement battu au premier tour, Alain Juppé se doit d’abattre ses dernières cartes.

Vendredi 25 novembre

Selon un sondage Elabe pour BFM TV jeudi, François Fillon a été jugé comme le plus convaincant par 71 % des téléspectateurs se déclarant sympathisants de la droite et du centre.

Alain Juppé a accusé François Fillon d'être soutenu par l'extrême droite, ce que ce dernier dément. 

Le maire de Bordeaux ajoute qu'il sera le meilleur candidat contre le front national qui est incompatible avec la république et la France "gaulliste". 

Françosi Fillon a lui aussi assuré vouloir à tout prix empêcher Marine Le Pen d'être au second tour de la présidentielle qui serait "le signe d'une république malade".

Parlant de questions internationales, Alain Juppé a ironisé en disant que c'était «bien la première fois que la Russie choisit son candidat à la primaire», faisant référence aux récents propos élogieux du président russe Vladimir Poutine à l'égard de François Fillon

Le maire de Bordeaux a également dénoncé l'annexion de la Crimée dont il accuse la Russie, ajoutant que «la France ne doit être inféodée ni à Washington, ni à Moscou».

François Fillon a quant à lui appellé l'Ukraine à respecter les accords de Minsk au même titre que la Russie. il a également ajouté que la politique qu'a mené la France depuis 4 ans en syrie avait échouée et qu'il fallait chercher d'autres voies, notamment en discuitant avec Moscou et Téhéran. 

En évoquant la question de l'éducation, François Fillon a évoqué la manipulation de l'Histoire, martelant qu'actuellement l'Histoire était "rédigée par des idéologues qui voudraient que les élèves aient la même vision qu'eux". "Moi je voudrais que ce soit des académiciens. On choisit les dates, les périodes, les hommes qui correspondent a l’idéologie qu'on défend".

Quelques secondes d'échauffourées verbales ont eu lieu entre les eux candidats, après que Alain Juppé, se plaignant d'attaques, a demandé à François Fillon si ce dernier avait quelque chose à voir avec «Riposte Laïque» qu'il suspecte d'être à l'origine de la phrase le qualifiant de "Grand Mufti de Bordeaux". 

François Fillon a assuré ne pas connaître cette association, ajoutant, vexé : «Je me fais déjà traiter d'homophobe tous les matins. Toi tu ne m'as pas forcément défendu, alors que je ne t'ai jamais attaqué personnellement». 

Sur la question de l'avortement, les deux candidats sont d'accord : «ne jamais toucher à la loi Veil».

Sur le sujet de la délinquance des mineurs, Alain Juppé a déclaré vouloir «séparer la justice civile et pénale». Au delà de trois sanctions éducatives, un mineur délinquant devra écoper d'une sanction pénale. Il souhaite des établissements spécialisés pour les mineurs. Pour lui, les centres d'éducation fermés sont «une réponse à cette délinquance. Il souhaite aussi «impliquer plus les familles».

François Fillon voudrait lui armer la police municipale et responsabiliser les familles, à savoir, supprimer les allocations pour les familles d'enfants absentéistes, punir les jeunes délinquants de façon éducative, «une méthode qui fonctionne», mais ne pas les enfermer avec des vrais délinquants car c'est «une grave erreur que d'enfermer les mineurs avec des criminels endurcis».

Pour François Fillon, une augmentation des effectifs de police «ne servirait à rien», tandis qu'Alain Juppé souhaite au contraire «recruter plus de policiers». Les deux candidats sont cependant d'accord sur la nécessité d'un réarmement de l'Etat.

Jeudi 24 novembre

A de très nombreuses questions des journalistes, François Fillon commence sa réponse en dénonçant une «caricature», ce que n'ont pas manqué de remarquer les internautes.

A travers le passage des 35h aux 39h, François Fillon préconise la création de 500 000 emplois.

«Alain Juppé ne veut pas vraiment changer les choses, il s'inscrit dans un système», a déclaré François Fillon à propos du temps de travail pour les salariés et les fonctionnaires, sujet sur lequel les deux candidats sont en désaccord. Il voudrait, lui, augmenter le temps de travail pour tout le monde, tandis qu'Alain Juppé souhaite que le temps de travail des fonctionnaires n'augmente pas.  

François Fillon a expliqué que le modèle social français n'existait plus. «De quel modèle social vous parlez ? Vous parlez d'un modèle social qui génère 6 millions de chômeurs. Vous parlez d'un modèle social qui crée 2 millions de jeunes sans formation. Vous parlez d'un modèle qui se traduit par le déclassement des classes moyennes, qui n'arrive pas à endiguer l'explosion de la pauvreté. [...] Ce modèle social français n'existe plus dans la manière dont il est décrit», ajoute-t-il, avant de conclure : «Le modèle social français prend l'eau de partout. Je veux en reconstruire un qui soit juste, qui puisse venir en aide aux plus défavorisés, mais à partir de la création d'emplois.»

Au contraire, Alain Juppé souhaite «consolider le modèle social français» existant.

Sur la question de la santé et de la sécurité sociale, les deux candidats ont encore une fois une vision divergente.

«La protection sociale française existe et il faut la consolider, ne pas y renoncer. Il faut la conforter en responsabilisant. Je ne toucherai pas au taux de remboursement contrairement à François Fillon qui veut monter une franchise indépendante».

Pour François Fillon «l'assurance maladie doit se recentrer sur les affections graves et de longue durée. Le système a besoin d'être réformé car il ne répond plus à l'attente des français. Il faut dés-étatiser le système de santé, remettre les médecins libéraux au cœur du système, créer des maisons de santé privées pour décharger l'hôpital. La sécu doit se concentrer sur les risques principaux des affections graves et de longues durée, tandis que les petits risques doivent dépendre d'assurances complémentaires. Il faut aussi un bouclier de santé afin que les personnes aux revenus modestes ne soient pas affectées par le recours à ces assurances complémentaires». 

A la question de savoir s'il avaient déjà manifesté, les deux candidats ont répondu par l'affirmative. François Fillon a indiqué avoir manifesté «par curiosité» en mai 68, ainsi que pour la liberté scolaire en 84. Alain Juppé lui, a reconnu s'être «laissé emporter» du côté des barricades, puis quelques jours plus tard avoir manifesté en faveur du général De Gaulle «car il faut bien être présent partout». 

Pour François Fillon, «un ministre mis en examen par la justice devra démissionner». Alain Juppé y voit une attaque et se défend en disant qu'il a «assumé ses fautes», ce à quoi François Fillon rétorque qu'il «ne parle pas spécialement de lui».  

«Je souhaite faire passer un nouveau code du travail allégé et renvoyer le reste à la négociation sociale, faire voter une réforme des retraites qui passera progressivement à 65 ans, créer une allocation sociale unique et une grande filière de l’enseignement professionnel qui sera placée sous l'autorité des régions et non pas de l'éducation nationale pour que l'alternance devienne le principal tremplin pour l'emploi des jeunes», a déclaré François Fillon.

Sur la question des référendums, les deux candidats ont dès le départ affiché des visions opposées.

«Je serai un président loyal, compétent, qui nommera des ministres durables qui ne changeront pas tous les un an et demi et qui légiféreront moins, mais mieux. Je serai aussi un président girondin, car j'ai beaucoup appris à Bordeaux : il faut que l'Etat soit fort et qu'il respecte les initiatives du terrain», a indiqué Alain Juppé. 

«La France est au bord de la révolte avec des tentations de plus en plus fortes de voter pour les extrêmes», a commencé François Fillon.

44,1% des suffrages pour François Fillon. 28,6% pour Alain Juppé. Tel était le surprenant résultat du premier tour de la primaire de la droite et du centre. Longtemps grandissime favori des sondages, le maire de Bordeaux a été victime de la récente épidémie d’erreurs des instituts de sondages. Battu à la plate couture par l’outsider François Fillon, il n’a d’autre choix que de jeter toutes ses forces dans la bataille.

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Outre l’intérêt de voir qui prendra le dessus, l’autre attrait majeur du débat sera de voir quelle ambiance règnera sur le plateau. L’entre-deux tours a été marqué par des attaques violentes de la part des deux camps.

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Celui d’Alain Juppé s'est montré le plus virulent. Le candidat, comme certains de ses soutiens, a attaqué François Fillon sur ses «soutiens d’extrême droite» ou encore sa position sur l’avortement jugée trop rétrograde. Dans l’équipe adverse, Bernard Debré, député filloniste, a écrit une lettre ouverte à Alain Juppé lui demandant s’il avait «perdu la tête». «Tu es agressif, utilisant des arguments falsifiés, mensongers, attaquant l'homme plus que son programme. Certains de nos amis qui te regardent et t'écoutent sont abasourdis», écrivait-il notamment. Nadine Morano, elle, a souligné sur le plateau de RMC ce 24 novembre qu’elle aurait trouvé «élégant de la part de Juppé de se retirer».

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L’ambiance est tendue au sein de la famille du parti Les Républicains. Un ton délétère lors du débat de ce soir pourra-t-il fissurer davantage le parti avant l’ultime bataille des urnes le 27 novembre ? Ou, au contraire, les candidats opteront-ils pour un duel qui préservera une certaine unité en vue de l’élection présidentielle ? Réponse à partir dès 21h00 avec notre live.