De nouvelles échauffourées dans le Val-d'Oise se sont produites, après l'incarcération des frères d'Adama Traoré. Les incidents ont commencé vers 22h45 le mercredi 23 novembre, dans le quartier de Boyenval, où vit une partie de la famille Traoré, selon la préfecture du Val-d'Oise. Le calme est revenu peu avant 1h du matin, a constaté une journaliste de l'AFP.
Selon un bilan de la préfecture, un bus a été incendié par une dizaine d'individus cagoulés, le chauffeur a été molesté et légèrement blessé à la jambe, et six voitures ont également été incendiées.
Des habitants, dont plusieurs portaient des tee-shirt «Justice pour Adama», ont déclaré à l'AFP que le bus s'était arrêté pour laisser descendre des passagers quand une petite dizaine de jeunes sont arrivés en courant, sont montés à bord, ont fait descendre le chauffeur et ont mis le feu avec des engins incendiaires.
Ce sont les habitants eux-mêmes avec des seaux d'eau et des extincteurs qui ont éteint le feu, selon des témoins. Sur place, il ne restait que la carcasse noircie du bus et quatre voitures brûlées garées à proximité. Deux autres voitures ont été incendiées dans une rue voisine.
«Des jeunes qui profitent de la situation pour faire n'importe quoi»
Mais ces manifestations ne sont pas du goût de tout le monde à Beaumont-sur-Oise. «Ce sont des jeunes du quartier qui profitent de la situation pour faire n'importe quoi. Ils ne respectent pas la mémoire d'Adama, ça va retomber sur la famille Traoré», regrettait un jeune homme. «Ce qui s'est passé n'a rien à voir avec la famille d'Adama», répétait une jeune mère de 24 ans.
Quelque 130 gendarmes avaient été dépêchés sur place, ainsi qu'un hélicoptère, selon la préfecture.
Bagui Traoré, 25 ans, et Yssoufou, 22 ans, frères d'Adama, ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leur procès le 14 décembre. Ils sont accusés de violences et outrages contre des policiers en marge du conseil municipal de Beaumont-sur-Oise, le 17 novembre.
Le procureur avaient requis leur placement en détention en invoquant notamment le risque de nouveaux troubles à l'ordre public comme ceux qui s'étaient produits le 17 novembre.
Ce jour-là, la séance du conseil municipal avait dû être levée après des heurts entre soutiens de la famille Traoré et forces de l'ordre devant l'Hôtel de Ville. Des incidents avaient également éclaté dans le quartier de Boyenval.
Bagui Traoré, dont le casier judiciaire comporte 13 mentions et qui a déjà été incarcéré pour des vols avec violences, est notamment accusé d'avoir porté des coups au visage d'une policière.
Qualifiée de bavure policière par son entourage, la mort d'Adama Traoré, lors de son interpellation le 19 juillet, avait entraîné plusieurs nuits de violences à Beaumont-sur-Oise et dans les communes alentours.