France

Sida: la gauche s'indigne de la censure par certains maires d'une campagne de prévention «choquante»

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, va saisir la justice après la décision polémique de plusieurs municipalités de droite de faire retirer des affiches d'une campagne de prévention contre le sida montrant des homosexuels.

Plusieurs maires de communes de droite viennent de décider de supprimer la campagne de prévention anti-VIH mettant en scènes des homosexuels et qu'ils jugent choquante. Une initiative qui déplaît fortement à la gauche, notamment à Marisol Touraine.

La gauche dénonce une censure 

En réaction, la ministre des Affaires sociales et de la Santé a en effet annoncé sur Twitter qu'elle allait saisir la justice administrative après ce qu'elle estime être «la censure par certains maires de la campagne de prévention du VIH».




Le préfet de Seine-Saint-Denis a indiqué dans un communiqué avoir introduit un recours, assorti d'une demande de suspension, devant le tribunal administratif de Montreuil, contre l'arrêté «manifestement illégal» pris à Aulnay-sous-Bois.

«30 000 personnes vivent avec le sida sans le savoir, il y a 7 000 nouveaux cas de sida chaque année [...] La prévention est nécessaire», a souligné la ministre dans les couloirs de l'Assemblée nationale. «Attention à ne pas répondre par des considérations d'ordre moral d'un autre temps», a-t-elle plaidé.


La ministre du Travail Myriam El Khomri a quant à elle dénoncé «la paranoïa autour d'une campagne contre le VIH», après qu'Isabelle Le Callennec, députée Les Républicains (LR) et soutien de François Fillon, a critiqué « [une campagne ] très suggestive [...] un message électoral en direction d'une communauté».



Le président socialiste du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, a condamné dans un tweet une «droite [qui] pense que l'homosexualité est une maladie dont il faut protéger les enfants». 




En réponse au maire d'Angers, Christophe Béchu (LR) de retirer les mêmes affiches placardées dans 70 emplacements de la ville depuis le 16 novembre, le président du Centre lesbien, gay, bi et trans d'Angers, Bernard Moreau, a estimé que ce qui est visé dans cette décision «c'est le couple homosexuel».

«Cette campagne est beaucoup moins suggestive que certaines campagnes publicitaires», a-t-il estimé. Pour Bernard Moreau, c'est le résultat de «l'influence de la Manif pour tous et de Sens commun [son émanation au sein des Républicains, dont viennent deux adjoints du maire d'Angers]». 

Aurélien Beaucamp, président de l'association de lutte contre le sida Aides, a également défendu la campagne et le choix du ministère de la diffuser très largement. Il a ainsi avancé que 50% des nouvelles contaminations par le VIH concernaient des hommes homosexuels et que tous ne lisaient pas forcément la presse spécialisée ou ne sortaient pas dans des lieux communautaires.

Une campagne jugée «choquante» par une partie de la droite

La campagne, lancée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, montre des couples d'hommes avec des messages tels que «Aimer, s'éclater, s'oublier. Les situations varient. Les modes de protection aussi» ou encore «coup de foudre, coup d'essai, coup d'un soir».

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A droite, la campagne est loin d'avoir plu à tout le monde. En effet, une dizaine de villes sur les 130 où la campagne est diffusée ont écrit à JC Decaux qui assure l'affichage public pour demander le retrait des affiches. Contractuellement l'entreprise est obligée de le faire si elle reçoit une demande écrite d'une municipalité.


Ainsi, le maire d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Bruno Beschizza (LR), a pris un arrêté en vertu duquel ces affiches diffusées notamment sur les abribus «devront être retirées ou masquées».


Pour ce soutien de François Fillon, candidat à la primaire de droite face à Alain Juppé, ces affiches sont «contraires aux bonnes mœurs et à la moralité» et «portent atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l'enfance et de la jeunesse».


«On est sur une campagne qui n'est pas tous publics», a expliqué Bruno Beschizza à l'AFP, assurant qu'il aurait pris le même arrêté si les affiches avaient mis en avant des couples hétérosexuels.

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Cette décision intervient au lendemain de celle du maire d'Angers de retirer les mêmes affiches.

Interrogé par l'AFP, Christophe Béchu, soutien d'Alain Juppé, a confirmé avoir demandé le retrait des affiches mais «uniquement aux abords des écoles primaires et sur le parcours des bus scolaires» pour «protéger les enfants». La décision faisait suite à plusieurs dizaines de plaintes d'habitants, a-t-il ajouté.

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