France

Mélenchon, menacé de procès, dénonce l'influence «de la CIA et des néo-conservateurs» au Monde

La manière dont Le Monde a rendu compte d'une réunion organisée par Mélenchon sur le thème de la sûreté a poussé le candidat à dénoncer la «paresse intellectuelle» de deux journalistes, qualifiant l'un de «muse de la CIA» et l'autre de «rubricarde».

Tout commence part un article du Monde paru le 11 novembre et qui rend compte d'une rencontre de travail s'étant tenue la veille entre Jean-Luc Mélenchon et différentes personnalités spécialistes des questions de sécurité, issues notamment des syndicats de police et de la justice.

Sur un ton relativement suggestif et ironique, l'article passe en revue les identités des personnes présentes. Ainsi, Djordje Kuzmanovic, l'un des proches conseillers de Jean-Luc Mélenchon, serait en réalité «la muse russe de Mélenchon, sur un axe rouge-brun». Georges Knecht, policier syndicaliste venu participer à la discussion, est en fait mis en examen dans une affaire de subornation de témoin. Quant aux syndicat CGT-Police, également invité à s'exprimer, il est en vérité «ultra-minoritaire» chez les policiers. Selon Raphaëlle Besse-Desmoulières et Paulo Paranagua, ce casting et les «omissions» volontaires dans les présentations de ses membres démontreraient que «le candidat peine à s’entourer sur ces sujets-là.»

Jean-Luc Mélenchon réplique alors sur son blog trois jours plus tard, dénonçant le retour du «Mélenchon-bashing». Il reproche, par exemple, au Monde de ne préciser la mise en examen de Georges Knecht que lorsque celui-ci participe à des événements de la France insoumise. «Quand la même personne est reçue par le président de la République à l’occasion des manifestations policières, Le Monde ne se sent pas obligé de la montrer du doigt», souligne Jean-Luc Mélenchon.

Au sujet des prétendus liens avec l'extrême-droite de son conseiller Djordje Kuzmanovic, le candidat s'étonne que les journalistes précisent que leur existence est démentie par l'intéressé lui-même : « Il dément mais Besse Desmoulières répète quand même». Il ajoute, à la décharge de son conseiller : «Ce que les pécores qui pérorent ne peuvent savoir en lisant les vieilles fiches des collègues, c’est que Djordje a servi dans l’armée française sous drapeau ONU en Afghanistan.»

Quant à la qualification d'«ultra-minoritaire» du syndicat CGT-Police, c'est celle qui semble indigner le plus Jean-Luc Mélenchon. Il affirme tenir d'une source interne au Monde que cette nuance, visant selon lui à discréditer le syndicat, révèle que la ligne éditoriale du journal, sur certains sujets, est commandée par des personnalités de haut rang. «Cela dit quelle est la main qui tenait la main qui courait sur le clavier», conclut-il, affirmant que le journal cherche ainsi à «complaire à des informateurs», dont Le Monde serait très dépendant.

Le manque d'objectivité des journalistes est, selon Jean-Luc Mélenchon, le fait d'un «ennui» de la part de «vieux rubricards, victimes de la relégation professionnelle». Sur le ton de la provocation, le candidat invite alors Raphaëlle Besse-Desmoulières à enquêter sur son collègue, Paulo Paranagua, qu'il qualifie de «muse de la CIA» au sein du Monde.

Relevant que le journaliste s'en prend, dans ses articles, aux «régimes progressiste d'Amérique du Sud», Jean-Luc Mélenchon livre alors des éléments le concernant, et qu'il dit avoir tirés de ses propres recherches : «Il est payé pour ça au nom d’une ligne éditoriale amie des néo-conservateurs étatsuniens. Dans les années 1970 et 1980, il était en effet chef de la fraction rouge, prétendue armée révolutionnaire du peuple en Argentine [...] qui se targuait d’avoir mené plus de trente actions d’exécution dans la rue et divers enlèvements et séquestrations.»

Le 15 novembre, le journal répond au candidat, par le biais d'un communiqué du directeur des rédactions, Luc Bronner, dénonçant «l'insulte et la provocation» dont userait Jean-Luc Mélenchon. «Le Monde apporte son soutien sans réserve à ses journalistes, condamne avec la plus grande fermeté ces attaques outrancières et se réserve le droit d’attaquer en justice certaines accusations, à l’évidence diffamatoires», écrit-il en guise de conclusion. 

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