France

«La France insoumise»: Mélenchon innovateur, veut faire participer ses sympathisants à son programme

Préparant la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s'est rendu dans le Nord les 15 et 16 octobre où il a été accueilli par un millier de partisans réunis pour découvrir son programme qu'il souhait définir collectivement.

Le candidat de gauche est arrivé à Saint-André-lez-Lille (Nord) où était organisée la convention de son mouvement, La France insoumise, lancé en février dernier via un site internet participatif. Innovateur, Jean-Luc Mélenchon veut en effet que ses sympathisants participent directement à l'élaboration de son programme.

Parmi le millier de personnes réunies à la convention, 650 ont été tirées au sort parmi les 130 000 inscrites sur la plate-forme web du candidat. Ces derniers vont ainsi devoir réfléchir et débattre au cours d’ateliers et de tables rondes, autrement dit, pas vraiment proche du format classique d’un meeting politique. 

Durant ces deux jours, un texte de 357 mesures devrait finir par être élaboré, comme l'explique explique Charlotte Girard, maître de conférences de droit public et coordinatrice du projet avec l’économiste Jacques Généreux : «L’idée est de poursuivre la dynamique en cours depuis le lancement de la campagne, en espérant un élargissement du mouvement. C’est là que l’idée d’un mouvement interactif fait sens : nous nous appuyons sur les nouvelles technologies pour rendre effective une participation qui n’aurait pu se construire que sur plusieurs années.»

Un système basé sur la démocratie athénienne, mais aussi «Nuit debout»

Par ailleurs, dans le cadre du mouvement, le système du tirage au sort est en quelque sorte une «expérimentation», un procédé que le sociologue Yves Sintomer décrit comme un procédé lié à l’origine de la démocratie : «C’est innovant dans les conditions actuelles, mais ça s’inscrit dans une très longue tradition démocratique et républicaine en Occident, à Athènes, à Rome ou dans la République florentine. Un exemple récent : les Irlandais ont voté par référendum une révision de leur Constitution introduisant le mariage pour tous, sachant que cette proposition de réforme avait été émise par une assemblée citoyenne composée aux 2/3 de personnes tirées au sort», explique-t-il.

Charlotte Girard précise de son côté que ce système de tirage au sort et de tables rondes s'inscrit dans la lignée de la démocratie athénienne, mais également du mouvement Nuit debout, que les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon «ont regardé avec beaucoup de bienveillance [...] parce qu’on avait sous nos yeux, en actes, l’exigence d’un changement, d’un nouveau mode de circulation de la parole. C’est précurseur de ce que l’on aimerait voir advenir si on accède au pouvoir».

Cependant, pour Yves Syntomer, il existe néanmoins une «différence énorme» entre le procédé de La France insoumise et Nuit debout car ce dernier «était un mouvement extra-institutionnel, informel, fondé sur les réseaux sociaux», tandis que dans le cas du projet de Jean-Luc Mélenchon, il s'agit véritablement d'une candidature à l’élection présidentielle, le cœur de l’institution politique française».

Lire aussi : Jean-Luc Mélenchon : «Le choix du prochain président est un choix sur l’Europe»