Le symbole est fort mais suffira-t-il ? François Hollande doit prononcer un discours hommage sous la pyramide du Louvre, l'un des «grands travaux» du président François Mitterrand. Lequel est considéré comme l'artisan de l'accession de la gauche au pouvoir en 1981 et reste une des figures tutélaires du Parti socialiste. François Hollande avait d'ailleurs déjà invoqué le chef d'Etat qui a gouverné la France pendant 14 ans de 1981 à 1995 lors de sa campagne à la primaire du Parti socialiste en 2011. Tandis que François Hollande, lui, est en danger de ne faire qu'un seul quinquennat.
Ancien fonctionnaire du gouvernement de Vichy lors de la Seconde Guerre mondiale et décoré de la francisque, malgré ses premières amours avec le mouvement de droite nationale des Croix de feu et son amitié avec le sulfureux René Bousquet, ancien secrétaire général de la police de Vichy, François Mitterrand incarne encore pour beaucoup le réalisme de la gauche de gouvernement. Traduire : la conversion à l'économie de marché et l'abandon définitif du dogme de la «dictature du prolétariat».
Mitterrand, symbole de la conversion à l'économie de marché
Un tournant incarné par la démission de Pierre Mauroy en 1984, le départ des communistes du gouvernement, et la nomination d'un certain Laurent Fabius au poste de Premier ministre. Depuis, la France s'est engagée dans la libéralisation des échanges et des marchés financiers, et des pans entiers de l'appareil industriel ont disparu, telle la sidérurgie. Le «peuple de gauche», lui, celui des ouvriers qui ont porté au pouvoir Mitterrand, a été décimé.
Il n'empêche, selon son entourage, François Hollande compte rappeler dans son discours «la patiente construction de l'alternance politique en 1981, la volonté de Mitterrand d'inscrire la France dans le projet européen avec la monnaie unique ou encore le choix de la paix dans un contexte de guerre froide».
Ultime tentative de rassemblement ?
Avec ce discours, François Hollande pourrait tenter de rassembler une gauche pour le moins divisée, alors que de plus en plus de voix s'élèvent pour remettre en cause une éventuelle candidature du président sortant, ce après les révélations du livre Un président ne devrait pas dire ça. A commencer par Manuel Valls, qui se fait de plus en plus explicite sur sa capacité à représenter une alternative en cas de forfait de François Hollande.
Sur France Inter, ce 26 octobre, le Premier ministre, interrogé sur le caractère «naturel» de la candidature du président sortant, jouant sur le fil du rasoir – car tenu entre solidarité gouvernementale et ambition personnelle – a ainsi répondu : «Je pense qu'on a besoin de celui ou de celle qui donne le cap et qui incarne cette autorité. Je pense que François Hollande l'a incarnée». Parlant de ce dernier au passé.
Mais le doute gagne aussi le cercle des fidèles du président sortant. «Si vous parlez de la courbe de désamour, c'est pas une courbe, on est au plus bas», déplore Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, faisant référence à un sondage publié ce 25 octobre, François Hollande ne recueille plus que 4% d'avis favorables.
Aussi, pour s'inscrire dans la lignée de François Mitterrand et tenter de reprendre la main, de nombreuses figures emblématiques des années Mitterrand ont été invitées, tels Jack Lang, l'inventeur de la fête de la musique, Edith Cresson, première femme Premier ministre, mais aussi Jacques Attali, alors jeune «conseiller spécial» du président et inspirateur de l'ouverture à la mondialisation de la France.