France

Fausse alerte attentat à Paris : deux hackers adolescents en quête de «buzz» à l’origine

Deux jeunes de 16 et 17 ans, dont l’un est «fan» du hacker franco-israélien Ulcan, affirment avoir fait un canular pour faire croire à un attentat dans une église, déclenchant ainsi une grosse opération antiterroriste en plein Paris le 17 septembre.

L'hebdomadaire français L’Obs indique être parvenu à retrouver les deux individus qui revendiquent, enregistrement téléphonique à l’appui, être à la base du faux coup de fil passé à la police le 17 septembre, qui a provoqué une opération anti-terroriste d’envergure près de la station de métro Etienne Marcel dans la capitale française.

J'ai dit que j'étais caché dans la cave et que dix maghrébins étaient rentrés avec des armes dans l'église

Inspirés par l’attentat contre le prêtre Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray, les deux jeunes hackers, qui répondent aux pseudos de Tylers Swatting et Zakhaev Yamaha sur les réseaux sociaux, ont expliqué au journal français avoir simplement voulu rechercher le buzz : «On a fait ça pour le buzz. Si les gens ont eu peur c'est leur problème.»

Un canular fièrement mis en scène en direct sur Skype et Facebook

Le 17 septembre dans l’après-midi, l’un des deux adolescents passe un coup de fil à la préfecture de police de Paris. Se faisant passer pour le «père Mathis», un personnage inventé de toute pièce, il affirme «que dix maghrébins [sont] rentrés avec des armes dans l'église» avant de prendre une vingtaine de personnes en otage.

J’ai fait déplacer des hélicoptères, le gouvernement, 50 voitures de flics

Face aux questions insistantes des policiers, il reste en ligne durant une vingtaine de minutes et assure avoir remarqué que l’un des terroristes (factices) portait une ceinture avec une bombe.

L’enregistrement de l’appel, consulté par L’Obs, a été diffusé en direct sur l’application de messagerie Skype par les deux jeunes hommes, qui ont ainsi pu se vanter de leur «réussite» auprès de leur «groupe d’amis».

«J'ai fait déplacé [sic] des hélico, le gouvernement, 50 voiture de flics j'suis passer en premier sur twitter, j'suis passer sur periscope, j'suis passer sur facebook, j'suis passer sur BFMTV et 10 journal hihi #églisefuck #flicKO" [sic]», a même publié l’un des jeunes sur sa page Facebook.

«Sergent de l'Armée de défense d'Israël» et fan d’Ulcan

L’un des deux hackers se présente sur son profil Facebook comme un «sergent de l’Armée de défense d’Israël» et un «fan» du hacker franco-israélien Grégory Chelli, alias Ulcan, et du site internet de ce dernier, «Viol Vocal».

Proche de l’organisation extrémiste Ligue de Défense juive (LDJ) et résidant en Israël, ce fameux Ulcan s’en est régulièrement pris, par des procédés similaires à celui utilisé par les deux adolescents, à des journalistes et à des sites trop pro-palestiniens à son goût.

Fin juillet 2014, Grégory Chelli s’était attaqué de façon particulièrement virulente au père du journaliste Benoît Le Corre, qui avait enquêté sur ses pratiques. Le hacker franco-israélien avait alors passé un appel hyperréaliste au père de ce dernier pour lui annoncer la (fausse) mort de son fils, en mimant un policier.

Souffrant de problèmes cardiaques, le père de Benoît Le Corre était décédé quelques jours plus tard des suites d’un infarctus.

On a fait ça pour le buzz. Si les gens ont eu peur c'est leur problème

Quant aux deux jeunes disciples d'Ulcan, ils ne montrent aucune crainte envers la justice française après leur acte. «On n'est pas traçable, on utilise des serveurs cryptés. On est à moins de deux heures de Paris, on a pas peur de la police», ont-ils déclarés à L’Obs.

Lire aussi : Le hacker Ulcan serait en garde à vue en Israël

«On a pas peur de la police»

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «dénonciation de crime imaginaire» et «divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse». Les deux suspects risquent chacun au minimum deux ans de prison et 30 000 euros d’amende, selon le Code pénal.

Le 17 septembre dans l’après-midi, une application officielle du ministère de l’Intérieur, le SAIP, avait envoyé une alerte affirmant qu’un attentat dans une église du premier arrondissement de Paris s’était produit.

Une opération policière d’envergure avait été déclenchée sur place avant que l’alerte attentat ne soit finalement levée.