Souhaitant s'assurer de la venue de Nicolas Sarkozy sur le plateau de France Télévisions en septembre pour lancer la nouvelle émission politique de France 2, Michel Field, directeur de l'information du groupe, a décidé de repousser la diffusion prévue de l'émission d'Elise Lucet concernant l'affaire Bygmalion sur France 2, après la primaire de la droite du 27 novembre, révèle Le Canard enchaîné.
En effet, l'entourage de l'ex-chef de l'Etat aurait menacé de déprogrammer la venue du candidat si ce reportage venait à être diffusé, en raison d'une interview polémique de Franck Attal, patron d'une filiale de Bygmalion (Event & Cie). Ce dernier y ferait plusieurs révélations qui pourraient être gênantes pour le candidat à la primaire de la droite et du centre, Nicolas Sarkozy, qui a affiché son ambition de réemménager à l'Elysée.
Elise Lucet, ex-présentatrice vedette du JT de la mi-journée et du magasine d'enquête Cash Investigations, aujourd'hui en charge du magazine de reportage de Envoyé Spécial, reproche à son supérieur Michel Field d'avoir «cédé aux menaces» de Nicolas Sarkozy, tandis que la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a refusé de trancher.
Après discussions et pour calmer la fronde des journalistes, le reportage sera finalement diffusé dans une version raccourcie de 26 minutes, le 8 septembre, incluant l'interview polémique de Franck Attal.
L'affaire Bygmalion défraie la chronique depuis 2012. Le 16 février 2016, un juge d'instruction a mis en examen Nicolas Sarkozy pour le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, dans l'enquête sur les fausses factures de Bygmalion et les comptes de sa campagne.
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«L’intégralité du reportage ou rien !» : les internautes révoltés
Sur Twitter, les réactions indignées ont afflué, de nombreuses personnes estimant que Nicolas Sarkozy a «quelque chose à cacher» ou encore qu’il se croit dans une «République bananière» où «la télévision publique est aux ordres de la mafia.»
Le hashtag #SoutienEliseLucet, a même fait son apparition.
L’annonce de la diffusion d’une version raccourcie du reportage le 8 septembre n’a pas calmé les internautes. «On veut l'intégralité du reportage sinon rien», a exigé l’un d’eux alors qu’un autre appelait même au boycott de la chaîne France 2, accusée d’avoir cédé aux pressions.
Certaines réactions ont par ailleurs été marquées par l'ironie.
«On lui dit à Sarkozy que l’époque de l’ORTF est révolue et accessoirement, qu’il n’est plus président ?», a enfin tweeté Pascal Billat, secrétaire départemental de Dordogne du parti souverainiste Debout La France.