France

Tentative d'assassinat d'un surveillant à la prison d'Osny : des agresseurs radicalisés et organisés

Ce dimanche 4 septembre, un membre des équipes de surveillance de la prison d'Osny a été violemment agressé par plusieurs détenus. Ces derniers auraient cherché à reproduire une mise à mort comme celles pratiquées et médiatisées par Daesh.

Des sources pénitentiaires font un récit glaçant de l'agression de l'un de leurs collègues, ce dimanche 4 septembre, à la prison d'Osny. Il ne s'agirait pas de l'acte soudain d'un loup solitaire, mais bien d'un acte prémédité, organisé et coordonné entre plusieurs détenus. Aidés de complices, les prisonniers auraient attaqué un surveillant en tentant de reproduire une exécution comme celles pratiquées par l'Etat islamique : «Une lame de 25 centimètres très fine et très aiguisée qui a transpercé de part en part la gorge du surveillant à 2 millimètres de la carotide puis est passée à quelques millimètres du poumon.»

Toujours selon le personnel pénitentiaire de la maison d'arrêt d'Osny, l'auteur de l'agression, un certain Bilal T., aurait ensuite badigeonné la porte de sa cellule avec le sang de sa victime, et levé les mains au ciel afin de prier. Ce dernier, considéré par la justice comme particulièrement dangereux, aurait été arrêté en Turquie, il y a quelques mois avec l'intention de rejoindre l'Etat islamique. Enfin, dans la cellule de l'un des détenus impliqués dans cette attaque, un téléphone portable a été retrouvé. Trois autres détenus ont par ailleurs été mis en garde à vue.

Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une information judiciaire pour terrorisme, et les enquêteurs s'interrogent désormais sur les liens entre ces détenus et Larossi Abballa, le tueur du couple de policiers de Magnanville le 16 juin 2016. En effet, dans sa dernière vidéo, ce dernier appelait à exécuter des surveillants de prison au même titre que des policiers. 

Les prisons dépassées par le nombre de détenus radicalisés ?

«Les établissements pénitentiaires sont assis sur une véritable poudrière. Ils comptent 300 détenus prévenus pour faits de terrorisme et un millier en voie de radicalisation», déplore Jean-François Forget, secrétaire général de l'UFAP-UNSa, le principal syndicat de surveillants de prison. Selon ce responsable syndical, les autorités ne prendraient pas la mesure de la situation, ne proposant pas assez de moyens pour surveiller efficacement ces détenus et en se concentrant sur des programmes de déradicalisation pour ré-insérer ces individus dans la société : «L'UFAP a demandé que la sécurité prévale et que ces quartiers soient totalement étanches du reste de la détention. Autrement dit, ces individus ne doivent pas se rencontrer, et il faut qu'il y ait au moins trois surveillants par détenu. Mais l'on préfère mettre en place des programmes qui n'ont ni queue ni tête. Nous sommes fatigués de ce mot de déradicalisation qui ne veut rien dire.»

Des activités physiques sont proposées à ces individus dangereux et, faute de place, des détenus «normaux» sont installés dans les unités dédiées aux radicalisés : «Ces détenus reçoivent des massages de masseurs professionnels et des cours d'escrime... De plus, le quartier "arrivants" de cette maison d'arrêt est tellement débordé par la surpopulation qu'il n'est pas rare que des détenus soient affectés dans l'unité dédiée alors qu'ils n'ont rien à y faire.»

En juillet dernier, une partie du personnel pénitentiaire de la maison d'arrêt d'Osny avait bloqué la prison pour protester contre le manque de moyens et la surpopulation carcérale.