France

Hollande pensait que la loi travail passerait «comme une lettre à la poste»

D'après le livre de Cyril Graziani, Le premier secrétaire de la République, le Président de la République aurait décidé de faire passer en force la loi travail, contre l'avis de deux de ses ministres : Bernard Cazeneuve et Ségolène Royal.

Alors qu'il apparaissait de plus en plus clairement que la loi El Khomri ne passerait pas facilement à l'Assemblée, au vu de l'opposition des parlementaires de droite comme des frondeurs de gauche, François Hollande a décidé d'user de l'article 49.3 de la Constitution afin d'adopter la loi sans vote des chambres. «Vous ne pouvez pas [la] faire passer comme ça», aurait alors conseillé au Président Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie. «Le pays est fatigué, ça va passer comme une lettre à la poste», aurait alors répondu François Hollande.

Manuel Valls et le président, qui souhaitaient engager la responsabilité du gouvernement sur le texte dès le premier jour d'étude à l'Assemblée ont soulevé les inquiétudes du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui les aurait ainsi prévenu : «Si vous faites ça, c'est la révolution.»

Ces révélations, contenues dans le livre de Cyril Graziani, Le premier secrétaire de la République, permettent de voir sous un autre jour le mouvement social – pas encore totalement essoufflé – contre la loi travail.

«Vous n'avez consulté personne, vous êtes restés entre vous. Je vous avais prévenus, donc ça ne sert à rien de demander notre aide maintenant», aurait répondu Ségolène Royal à l'exécutif qui demandait à ses ministres plus de zèle dans la défense du texte, face à la multiplication des manifestations gagnant en ampleur et en violence.

Finalement, la loi travail sera quelque peu amendée et la motion de censure initiée par les parlementaires ne remportera pas suffisamment de votes, les frondeurs de gauche refusant de se joindre aux élus de droite pour entraîner la démission du gouvernement sur la question.

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