Si la déclaration de candidature à la primaire de Nicolas Sarkozy, lundi 22 août, n'a guère été surprenante pour la plupart des Français, celle-ci est parvenue à faire réagir – de manière très diverse – de nombreux hommes politiques de tous bords.
Roger Karoutchi : «la revanche de la France»
Les fidèles de l'ancien président de la République n'ont pas manqué de saluer cette annonce, mais également de souligner la pertinence des thèmes évoqués dans le livre-programme du nouveau candidat, Tout pour la France, qui sortira mercredi. Ainsi, le député Les Républicains (LR) Erioc Ciotti a salué sur BFMTV la force des propositions de l'ex-président de la République, et la vision politique dont il bénéficierait en prévoyant d'axer sa campagne sur le thème de l'identité.
De même, les députés LR Guillaume Larrivé et Daniel Fasquelle se sont félicités de l'entrée en campagne de l'ancien chef de leur parti, le second soulignant «l'énergie et l'expérience» dont celui-ci ferait preuve.
Enfin, le sénateur Roger Karoutchi, proche de Nicolas Sarkozy, a interprété sur France Inter l'engagement de ce dernier dans les termes suivants : «Ce n'est pas une revanche, à moins que ça soit celle de la France.»
Des idées vagues et ambiguës, selon Hervé Mariton
Toutes les figures des Républicains, bien sûr, n'ont pas été aussi enthousiastes par l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy.
S'il a qualifié de «bonne nouvelle» celle-ci sur France Info, le député Benoist Apparu, soutien d'Alain Juppé, a néanmoins regretté que l'ex-chef d'Etat aborde la question identitaire sous un angle pessimiste.
Le candidat à la primaire Hervé Mariton, de son côté, s'est réjoui sur iTélé de la clarification apportée par Nicolas Sarkozy au sujet de sa candidature : «C'est bien que les choses aujourd'hui soient dites avec plus de transparence. C'est plus honnête de dire clairement qu'il est candidat. Il l'est depuis des mois. On a vécu avec cette ambiguïté. Aujourd'hui, on en sort.»
Sur le fond, toutefois, le député de la Drôme a pointé du doigt les nombreuses «demi-mesures» et «ambiguïtés» de l'ex-président des Républicains.
En outre, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui peine à remplir les conditions pour devenir officiellement candidate à la primaire, s'est dite inquiète au sujet de l'organisation d'une compétition qu'elle juge injuste : «On se bat pour que les conditions de l’équité soient réunies. Une partie des parrainages me manque encore. Le parti ne fait pas son boulot d’information. (...) On a pas les fichiers des militants, alors que quelques candidats les ont. C’est pas complètement équitable», a-t-elle regretté mardi matin au micro de RTL.
Cela, pour autant, n'a pas empêché l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy de souhaiter «bienvenue» à celui-ci dans le jeu de la primaire.
«Tout pour les riches !» pour Jean-Marie Le Guen
A gauche, sans surprise, l'entrée en lice de Nicolas Sarkozy et la promesse d'une campagne axée sur des thèmes droitiers ont été commentées avec sévérité.
Le Premier ministre Manuel Valls n'a pas mâché ses mots, affirmant dans un entretien accordé à L'Express que les idées de l'ex-locataire de l'Elysée étaient celles «d'une droite dure et populiste».
Le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a quant à lui fait savoir sur Europe 1 qu'il rebaptiserait bien le livre de campagne de Nicolas Sarkozy «Tout pour les riches» (au lieu de «Tout pour la France»), et qu'il considérait que, sur certaines questions, celui-ci essayait de se rapprocher du Front national.
Similairement, le porte-parole du Parti socialiste, Olivier Faure, a exprimé sur BFM TV ses craintes au sujet de la «surenchère» que jouerait le nouveau candidat, «un numéro qui ressemble beaucoup au projet qui jusqu'ici était celui du Front national».
Député de l'aile gauche du Parti socialiste, Christian Paul a pour sa part choisi de dénoncer, sur BFM TV également, le «programme ultra-libéral» en matière économique que proposerait Nicolas Sarkozy.
Du côté des écologistes, le vice-président de l'Assemblée nationale François de Rugy a décrié l'insistance d'un homme politique ayant été désavoué par les électeurs...
... tandis que la sénatrice Esther Benbassa a rappelé le peu de sympathie qu'elle éprouvait pour les engagements politiques de Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, sur iTélé, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent s'est dit «choqué par l'overdose médiatique» autour d'une annonce qui, pour lui, n'est en rien surprenante.
Philippot : «on a vu que le Kärcher était resté à la cave»
Habituellement peu tendres à l'encontre de Nicolas Sarkozy, le Front national (FN) et Debout la France (DLF) ont également réagi à l'annonce de sa candidature.
Le vice-président du FN, Florian Philippot, a ainsi annoncé sur France Info «le retour officiel de super-menteur», avant de préciser : «En 2005, il expliquait qu'il allait passer le Kärcher, qu'il allait réduire l'immigration, qu'il allait rétablir la sécurité (...). On a vu que le Kärcher était resté à la cave et que l'immigration a continué au même rythme.»
Sur Twitter, l'euro-député frontiste a en outre sous-entendu que la candidature de Nicolas Sarkozy servait les intérêts du Qatar et des grandes entreprises.
De son côté, le leader de DLF Nicolas Dupont-Aignan a brocardé une énième opération de communication de l'ancien chef d'Etat, obnubilé selon lui par sa seule carrière personnelle.
Lire aussi : Nicolas Sarkozy : «La civilisation européenne se sent devenue minoritaire»