France

PMA, GPA, adoption par les homosexuels... Guide pour tenter de suivre la droite sur la question

Assumant sa volte-face, NKM a déclaré ce 6 juillet être favorable à la PMA pour les lesbiennes. Mais ce n'est pas la première personnalité à droite à évoluer sur ces questions. Tour d'horizon des positions de quelques personnalités en vue de droite.

Depuis le dépôt du projet de loi Taubira au parlement en novembre 2012, les questions dites «sociétales» ne cessent de diviser la droite. Les débats connexes au mariage pour tous que sont la gestation pour autrui (GPA) et l'extension aux couples homosexuels de l'adoption et de la procréation médicalement assistée (PMA) ont rendu illisible la position du parti Les Républicains sur la question de la politique familiale. La primaire qui doit désigner le candidat des Républicains et des centristes le 27 novembre 2016, pourrait être une occasion de clarifier les positions de la droite dite «parlementaire». A moins qu'elle ne l'embrouille un peu plus. 

Nathalie Kosciusko-Morizet : l'art du 180° décomplexé

Ainsi, NKM s'était elle abstenue lors du vote de la loi Taubira. «Ce n'est pas un refus de choisir», avait-elle tenté de désamorcer lors d'une interview en février 2013, inventant le concept passif-actif d'«abstention militante et engagée», une position compliquée, afin de dénoncer la «porte ouverte» à la PMA et à la GPA tout en étant favorable au mariage gay.

Mais trois ans plus tard, et peut-être une campagne pour la mairie de Paris plus tard, NKM semble s'être «parisiannisée» sur les thématiques sociétales. La candidate de la «liberté et de l'audace», prend acte du «changement de monde», pour reprendre le titre de son livre publié en mars dernier. «Je suis favorable au mariage pour tous, je suis favorable à l'adoption par les couples homosexuels.»

Je suis favorable à la PMA pour les couples homosexuels

«Je pense que ce n'est pas très logique d'avoir la possibilité de la PMA pour des couples traditionnels, d'avoir la possibilité d'adopter des enfants pour des couples de femmes, et de ne pas avoir la possibilité de la PMA alors qu'en fait, dans un certain nombre de cas, en célibataire, ça se fait quand même», a-t-elle expliqué pour justifier sa changement d'avis.

«Je mets de côté la GPA (gestation pour autrui), qui est un sujet très différent et à laquelle je suis très opposée», a toutefois précisé NKM, fixant comme limite l'indisponibilité du corps humain.

Alain Juppé : comment mettre de l'eau dans son vin

Sur BFM TV, face à Ruth Elkrief, en septembre 2014, le maire de Bordeaux réaffirmait qu'«un enfant, c'est un homme et une femme». Mais dans la foulée, il ajoute «Je pense qu'il y a dans l'évolution de toute société des étapes. Et aujourd'hui, l'étape du mariage de personnes homosexuelles est franchie, et ceux qui racontent qu'on reviendra en arrière et qu'on annulera cette loi racontent des sornettes [...] En revanche, je suis très ferme en ce qui concerne l'adoption et la parentalité, admettant «vivre dans un monde dépassé». 

Pour moi, un enfant, c'est un homme et une femme et je ne sors pas de cela

Pourtant, en octobre 2014, Alain Juppé déclarait avoir dû «se faire violence» afin d'accepter l'adoption par des couples homosexuels, après s'être longtemps opposé à cette disposition de la loi Taubira. Une position qu'il a réaffirmée, le 5 juillet 2016 dernier dans un entretien au journal La Croix :«Après avoir, bien entendu, vérifié que les conditions d'épanouissement de l'enfant sont réunies, je suis favorable à l'adoption par des couples de même sexe». En revanche, pour l'ancien Premier ministre, que les sondages donnent comme le mieux placé non seulement à la primaire mais aussi à l'élection présidentielle de 2017, la GPA reste «inacceptable» et la PMA doit être «réservée aux couples homosexuels».

Nicolas Sarkozy : tout est possible, surtout son contraire

En pleine Manif pour tous en 2014, et alors que la légalisation du mariage pour tous divise plus que jamais la droite, Nicolas Sarkozy tape là où il faut pour flatter l'électorat conservateur : «La loi Taubira devra être réécrite de fond en comble», assène-t-il dans un discours, en pleine campagne pour la présidence du parti. Et devant les militants qui scandent «Abrogation ! Abrogation !», Sarkozy répond : «On le fera». 

Sur la PMA, Sarkozy affirme alors qu'il «faudra inscrire dans la Constitution des verrous juridiques pour réserver la PMA aux couples hétérosexuels infertiles».

C'est un point sur lequel, je l'assume, j'ai évolué

Aller jusqu'à une modification pour sanctuariser et faire barrage à la PMA, on aurait pu penser que Nicolas Sarkozy aurait eu du mal à revenir sur sa position. Et pourtant... «A la réflexion, je crains que, compte tenu de l'état de tension et de division de la société française auquel a abouti la méthode de François Hollande, le remède soit pire que le mal. Je ne souhaite donc pas qu'on légifère à nouveau, parce que la priorité doit être de rassembler les Français», explique l'ex-président de la République dans son livre programme La France pour la vie en janvier 2016. 

Nadine Morano : plus royaliste que le roi

Autre outsider de la primaire à droite, Nadine Morano va même plus loin que le Parti socialiste, notamment sur la question de la GPA pour les couples hétérosexuels : «Je suis favorable à la GPA dans le cadre uniquement d’un

problème médical, pour les femmes qui ont une malformation utérine ou une absence utérine, pour un couple qui pourrait devenir parent mais dont la mère ne peut assurer la gestation. C’est la seule cause d’infertilité à laquelle on n’apporte pas de solution en France. Pour un homme qui ne produit pas de sperme, il y a le don de sperme. Pour une femme qui ne produit pas d’ovule, il y a le don d’ovocyte», déclare-t-elle dès 2008

Sur la question de l'adoption l'ex-passionaria déçue de Nicolas Sarkozy fait également preuve d'une remarquable constance. 

Je connais des adultes qui ont été élevés par des couples de même sexe et sont très heureux

«Je vais sans doute choquer dans ma famille politique, mais […] de quel droit pourrions-nous dire qu'un couple de même sexe pourrait être de moins bons parents qu'un couple homosexuel ?», déclarait-elle sur Canal + en novembre 2014. prenant la défense des familles homosexuelles. «Ils ne vivent pas, contrairement à ce qu'on essaie de dépeindre dans un milieu fermé entre eux.»

La question de la GPA continue de cliver l'opinion publique et de susciter de fortes oppositions, alors que la ministre des Familles Laurence Rossignol a confirmé ce 4 juillet l'abrogation d'une circulaire punissant les gynécologues qui orienteraient leur patientes à l'étranger pour y pratiquer une PMA.