France

Bac : polémique autour de l'autorisation octroyée aux jeunes fêtant l'Aïd de reporter leurs oraux

Le directeur de la Maison des examens d'Ile-de-France a affirmé que les candidats aux rattrapages du bac qui célébreront la fête musulmane de l'Aïd mercredi 6 juillet pourraient être reconvoqués le lendemain, suscitant de vives réactions.

Chaque année, les musulmans célèbrent la rupture du jeûne du mois sacré de Ramadan lors de la fête de l'Aïd el-Fitr, l'une des plus importantes dans la religion islamique. Problème : la date n'étant déterminée par les dignitaires religieux que quelques jours à l'avance, l'Education nationale n'a pas pu tenir compte de celle-ci dans l'organisation des épreuves du baccalauréat.

Par conséquent, ce qui devait arriver arriva : le Conseil français du culte musulman (CFCM) a annoncé le 4 juillet que l'Aïd serait fêté en France le mercredi 6 juillet... date à laquelle se déroulent des oraux de rattrapage du Bac.

Cette date ayant toutefois été pressentie depuis plusieurs jours, l'administration scolaire a eu le temps de préparer une position officielle sur ce sujet. Devançant l'annonce du CFCM, Vincent Goudet, directeur de la Maison des examens en Ile-de-France (appelée aussi «Service interacadémique des examens et concours» ou Siec), a annoncé à l'agence AFP dans la journée du 4 juillet que les candidats qui seraient convoqués le jour de l'Aïd pourraient demander un report de leurs oraux de rattrapage le lendemain, soit le jeudi 7 juillet.

D'après le responsable de l'organisme dépendant de l’Education nationale, cette disposition n'est qu'une application de «la circulaire du 18 mai 2004 sur le port des signes religieux», selon laquelle l'institution scolaire «doit prendre les dispositions nécessaires pour qu'aucun examen ni aucune épreuve importante ne soient organisés le jour [des] grandes fêtes religieuses», parmi lesquelles figurent sans conteste l'Aïd.

Les chefs d'établissement révoltés par le décalage des oraux

Bien que s'appuyant sur une circulaire du ministère de l'Education nationale, l'annonce du Siec a été vertement critiquée par le principal syndicats de chefs d'établissement, le SNPDEN-Unsa.

Dans un communiqué, celui-ci a dénoncé «un élément de plus de désorganisation» d'un «baccalauréat précaire, déjà marqué par un nombre insolite d'erreurs». Accorder le décalage des oraux du bac aux lycéens fêtant l'Aïd conduirait, selon le SNPDEN-Unsa, à «ouvrir un droit général pour tous de différer d'un jour leurs épreuves».

Une atteinte à la laïcité et à la République pour les responsables LR et FN

Du côté des politiques, la décision du Siec a provoqué une levée de boucliers des responsables des partis Les Républicains (LR) et Front national (FN). Christian Estrosi, président (LR) de la région PACA, voit par exemple dans ce report une atteinte à la République.

Eric Ciotti (LR) a quant à lui tenu à publier un communiqué de presse, dans lequel il «demande solennellement à la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et au Premier ministre, Manuel Valls, de s'expliquer» sur ce sujet.

Le candidat aux primaires républicaines Jean-François Copé (LR), lui, a appelé «l'école laïque» à ne pas céder face au «communautarisme» qu'impliquerait la déclaration du Siec.

Le vice-présidet du FN, Florian Filippot, enfin, a mis en parallèle le «communautarisme» du gouvernement actuel et celui de François Fillon, qui était ministre de l'Education nationale lors de la publication de la circulaire justifiant la proposition de décalage des oraux de rattrapage.

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