Les syndicats avaient appelé au rassemblement place d'Italie à 13h et le cortège est parti vers 13h30 en direction de la place des Invalides avec les traditionnels drapeaux rouges et banderoles et une ambiance bon enfant.
Mais très vite les premiers incidents ont éclaté. Des centaines de casseurs, dont certains venaient d'Allemagne et d'Italie, s'en sont pris aux forces de l'ordre au cri de «tout le monde déteste la police». Les gendarmes mobiles et les CRS ont été la cible d'une véritable pluie de projectiles, parfois tirés de quelques mètres de distance, dont des pavés, des morceaux de bitume arrachés à la chaussée, des fusées et des billes d'acier. «Vous êtes la police de l'oligarchie, pas du peuple», hurlait ainsi un Antifa à pleins poumons.
La police, souvent mise en difficulté et parfois acculée a répondu par des tirs de bombes lacrymogènes et de grenades de désencerclement.
Un reporter de RT France présent sur place a pu constater que les CRS ont dû charger à plusieurs reprises pour secourir ici un policier isolé au milieux des casseurs ou là pour se désenclaver. Les journalistes ont d'ailleurs parfois fait les frais de la colère des casseurs, à l'instar du caméraman de l'agence Ruptly dont la caméra a été détruite.
Sur le parcours de la manifestation, les casseurs s'en sont pris aussi aux vitrines des commerçants, aux distributeurs de billets et aux façades des banques.
L'hôpital Necker – Enfants malades, situé sur le parcours, a notamment été vandalisé. Les casseurs se sont attaqués aux vitres du bâtiment, qu'ils ont brisées à coups de marteau. Une action qui a indigné de nombreuses personnes sur Internet.
Fait rare, la police a dû utiliser le canon à eau pour repousser les casseurs à deux reprises , près du métro Duroc et, plus tard, pour disperser la foule qui tentait de prendre d'assaut les grilles de l'hôtel des Invalides.
Selon un bilan provisoire de la préfecture de police, 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés et 58 personnes interpellées. Un homme à notamment été touché dans le dos par une grenade lacrymogène tirée par la police et a rapidement été évacué par les secours.
Et ce mardi soir, après la fin de la manifestation, la préfecture de police de Paris a déclaré qu'un véhicule de la RATP avait été incendié mardi soir place de la République, ainsi que deux Autolib rue Saint-Maur par un groupe de personnes non identifiées et toujours en fuite.
44 personnes en garde à vue
44 personnes sont toujours en garde à vue mercredi à Paris au lendemain de la manifestation contre la loi travail, une nouvelle fois émaillée de violences et d'affrontements avec les forces de l'ordre, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. «La plupart ont été interpellées au cours du défilé et une poignée à l'issue du rassemblement»
Des scènes de guérilla urbaine qui brouillent le message des syndicats
Derrière la bataille des chiffres, un million de personnes pour les syndicats, au mieux 80 000 pour la police, l'ampleur et le caractère spectaculaire des incidents a fait passer les revendications des syndicats au second plan. Les syndicats refusaient le qualificatif de «baroud d'honneur» et la manifestation devait être une «démonstration de force». La question est maintenant de savoir si la manifestation de ce mardi 14 juin sera le point d'orgue du mouvement de contestation de la loi Travail ou si, au contraire, la mobilisation des manifestants lui redonnera un second souffle.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez doit rencontrer Myriam El Khomri vendredi 17 juin, pour la première fois depuis début mars, pour «clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT».