France

François Hollande : «la gauche n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle se conjugue au passé»

Grosse opération de communication pour le président de la République lors d'un discours à la fin d'un colloque. L'objectif : défendre son bilan et rappeler implicitement que tout chef d'Etat est critiqué avant d'être apprécié à titre posthume.

Soucieux de soigner son image et de minimiser la gravité de son impopularité à un an de l'élection présidentielle, François Hollande a choisi la décontraction et l'humour pour s'adresser au gratin socialiste et aux universitaires, venus participer à une réflexion globale sur l'avenir et la façon de réinventer la gauche lors du colloque «La gauche et le pouvoir» organisé par trois clubs de réflexion proches du PS, la Fondation Jean-Jaurès, Terra Nova et la Fondation européenne d’études progressistes. 

Le colloque a pris des allures de meeting de campagne alors que le président, qui stagne à 19% dans les sondages, n'a toujours pas confirmé sa candidature pour 2017. Il a pourtant choisi une ligne de défense rappelant les bienfaits apportés selon lui par la gauche tout au long de l'Histoire de la France. 

L'expression «l'herbe est toujours plus verte ailleurs» pourrait en effet résumer ce que le président de la République a cherché a dénoncer lors de son intervention. Vilipendé jusque dans son propre camp pour faire, selon ses détracteurs, «une politique de droite» (notamment via la Loi Travail qu'il qualifie de «texte de progrès» et de «compromis dynamique et juste, comme tout ce que nous avons fait depuis 2012»), et taxé d'avoir perdu les idéaux de la gauche, il a mis un point d'honneur à rappeler les «gènes de la gauche».

Modernisation du pays, restructuration industrielle, justice, dialogue social dans l'entreprise, CSG, justice sociale, ISF, Union européenne, transition énergétique, relations internationales, questions sociétales, réforme fiscale, sécurité, islam radical...tout est abordé dans un inventaire élogieux, mêlant son bilan aux mesures de gauche ayant marqué les esprits. «Je le revendique, la France va mieux» affirme-t-il, après avoir rappelé les grands acquis de gauche : le Front Populaire, dont on retient les congés payés, François Mitterrand, vivement critiqué alors qu'il était au pouvoir mais dont on retient qu'il a aboli la peine de mort et mis en place les semaines de 39 heures, ou encore Lionel Jospin, accusé d’être celui qui a le plus privatisé dans l’histoire et qui est pourtant à l’origine des 35 heures et de la CMU.

«On trouve toujours que la gauche a été de gauche, mais une fois qu’elle a quitté le pouvoir», ironise-t-il. «La gauche était ravissante sous la droite !», poursuit-il, invitant avec sarcasme son auditoire à apprécier les valeurs de son parti tant qu'il est au pouvoir et appelant de ses vœux que la gauche ait «le courage d'accomplir sa mission».