France

Après Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers au tour d’Emmanuel Macron de «célébrer» Jeanne d’Arc

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendra aux fêtes de Jeanne d'Arc organisées chaque année à Orléans du 29 avril au 8 mai pour ne «pas laisser Jeanne d'Arc au Front National».

Après Jean-Marie Le Pen qui a lancé en mars dernier l'association «Jeanne, au secours !», puis l'ancien ministre Phillippe de Villiers dont le parc du Puy du Fou a acquis en février dernier le prétendu anneau de Jeanne d'Arc, c'est au tour d'Emmanuel Macron de faire appel à ce symbole.

Une figure rassembleuse

«Il a accepté, car le 8 mai est une fête nationale. Si l'on fête la fin de la seconde guerre mondiale, on célèbre aussi la libération de la France par Jeanne d'Arc. Une figure nationale», a réagi le cabinet du ministre, rapporte Valeurs Actuelles. «Si Emmanuel Macron est convié à cette fête, c'est pour redonner du sens à notre histoire. Il ne faut pas laisser Jeanne d'Arc au Front National (FN). Il pourra lors de ces fêtes s'exprimer sur notre histoire et ses racines», poursuit encore l'entourage d'Emmanuel Macron.

Cette annonce du ministre de l'Economie intervient alors qu'il vient de lancer un mouvement , «En marche», qui se veut «pas à droite, pas à gauche». Avant lui, l'ex-candidat à l'élection présidentielle Philippe de Villiers avait fait également parler de la «pucelle d'Orléans» en acquérant aux enchères à Londres la bague de Jeanne d'Arc pour la somme de 376 833 euros.

«Plus la crise est violente, plus l’identification aux figures de la résistance, tels que Jeanne d’Arc, Vercingétorix ou Bonaparte est forte», explique l’historien Jean Garrigues, professeur d’histoire à l’université d’Orléans. «Le recours à Jeanne d’Arc, personnage providentiel, héroïne républicaine et chrétienne, touche à l’identité nationale. Les héros anciens sont très facilement réappropriés, car ils sont moins clivants que les personnages récents», ajoute-t-il.

Un attribut longtemps lié à l'extrême droite

L'image de Jeanne d'Arc a ainsi été utilisée dès le début du XXe siècle par l'extrême droite à travers l'Action française de Charles Maurras, notamment pendant la Seconde guerre mondiale, où elle devient sous le régime de Vichy une égérie de l'antisémitisme. 

A partir de 1988, le FN fait d'elle une véritable icône politique, symbole d'un nationalisme populaire, quand il se met à la fêter tous les 1er mai, au lendemain d'un succès électoral au premier tour de l'élection présidentielle. Jean-Marie Le Pen obtient alors 14,4% des voix. Isolé au sein du Front depuis son éviction de la présidence d'honneur du parti par sa fille Marine Le Pen, il a annoncé en mars 2015 sa volonté de lancer des «comités Jeanne d'Arc» dans toute France afin de peser sur le parti qu'il a créé.

Des tentatives de récupérations souvent vaines

En 2012, à quelques mois de l'élection présidentielle, le président Nicolas Sarkozy avait fait polémique en célébrant le 600e anniversaire de sa naissance. Dominique de Villepin avait alors réagi, par une ode à Jeanne d'Arc intitulée «Que te font-ils dire, Jeanne ?». «Si notre action et son désir de nous ressembler le pousse à rendre hommage à Jeanne d'Arc et bien je m'en félicite», avait quand à elle déclaré Marine Le Pen. Avant Nicolas Sarkozy, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Segolène Royal avaient également été accusée de récupération.

Dans un contexte où le Front National est en position de force dans les sondages et à l'approche du prochain scrutin présidentiel en 2017, nul doute que la classe politique n'a pas fini d'évoquer celle qui a mené les troupes françaises à «bouter les Anglais hors de France».

Lire aussi : Un «banquet patriote» payant pour le premier mai du Front national