Véritable poumon économique de la ville de Calais, le port voit son activité contrariée en raison du blocage intempestif des axes routiers par des migrants qui habitent la «Jungle». Les CRS «manquent de moyens» humains mais «surtout matériels» raconte au quotidien régional La Voix du Nord, Denis Hurth, délégué syndical UNSA-Police. «On les repousse avec des grenades lacrymogènes mais dès qu’on arrête de tirer, ils avancent de nouveau», ajoute-t-il. Avant de préciser qu'aucune interpellation n'était possible en raison de la saturation du centre rétention de Coquelle. «On en interpelle, de temps en temps, mais il faut les transporter dans d’autres villes, ce qui implique des hommes en moins sur le terrain à Calais», a précisé Denis Hurth.
A ce sujet, le sous-préfet de Calais, Vincent Berton a voulu faire preuve de fermeté tranchant ainsi avec le constat des forces de l'ordre. «Les personnes qui seront interpellées seront déférées devant la justice avec des sanctions extrêmement lourdes», a-t-il averti. Néanmoins, il reconnaît qu'il est particulièrement difficile de procéder à des interpellations, les migrants agissant par petits groupes très mobiles difficile à intercepter.
Pour les associations, les migrants agissent par désespoir
En première ligne pour dénoncer les conditions dans lesquelles vivent les migrants, les associations affirment que les migrants ont recours à ces procédés car ils sont désespérés. «Plus on leur met d’obstacles, plus les migrants cherchent à passer. Le tarif des passeurs augmente, le port est bloqué...», estime François Guennoc, secrétaire de l'ONG L'Auberge des migrants. S'il dit ne pas approuver actions, il dit comprendre ces blocages et explique : «Nous, on essaie de trouver des solutions avec les autorités. On sait bien que les mineurs, notamment, prennent trop de risques à essayer de monter dans les camions, mais ils ne nous demandent pas notre avis.»
L’exaspération gagne du terrain
Alors qu'en mars dernier, des centaines de Calaisiens ont manifesté à Paris pour sensibiliser les autorité sur la détérioration de la situation économique et sécuritaire dans leur ville, le ras-le-bol gagne les acteurs économiques du port. Jean-Marc Puissesseau, président de la Société d’exploitation des ports de Calais et Boulogne-sur-Mer, s’est dit excédé par «cette situation aberrante» : «Le port, en tant que tel, est étanche. Concernant l’accès au port, on pensait dans un premier temps que la pose de grillage le long de la zone des Dunes allait suffire. Ce n’est pas le cas. J’ai proposé en décembre un plan de sécurisation de toute la rocade. Il est d’autant plus urgent de l’obtenir que ces attaques se répètent chaque nuit, à en devenir dangereuses pour les automobilistes. Je dis stop.»
Fin mars, plusieurs dizaines de migrants ont envahi la rocade portuaire à Calais. Une action qui avait débouché sur de violents heurts à l'arrivée des forces de l'ordre.