France

Une petite fessée et puis au coin ! Le sexisme médical s’apprendrait-il dès la fac ?

Une des réponses à une question à choix multiple d’un examen de médecine a fait sortir une étudiante de ses gonds, qui, selon la jeune fille, représente bien l’état d’esprit sexiste du milieu médical.

Vendredi 8 avril se déroulait dans trois facultés parisiennes de médecine un examen blanc pour les étudiants de sixième année les préparant à l’examen final qui déterminera leur spécialité. Habitués à trouver des calembours dans leur QCM, les étudiants ne s’attendaient cependant pas à devoir répondre à une question «tout simplement sexiste».

A la question 37, il leur était demandé ce qu’il convient de faire si «une patiente de 35 ans reçoit une fessée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique devant ses collègues». Parmi les choix possibles, c’est le cinquième – la blague de trop – qui a indigné l’étudiante : «Vous lui demandez d’aller au coin car elle n’a pas été sage».

«C’est toujours sous couvert d’humour ou de tradition», explique l’étudiante en médecine interrogée par Slate, «mais beaucoup ne se rendent pas compte que c’est tout simplement sexiste».

La jeune fille dénonce également la violence verbale que subissent les internes de sexe féminin dans les hôpitaux : «Une fois, j’ai expliqué qu’il pouvait m’arriver de faire des malaises. On m’a répondu que j’allais me réveiller avec une bite dans l’oreille.»

Or, il semblerait que cette ambiance salace et sexiste soit courante dans le milieu médical, et notamment au sein des facultés. Un autre rapport de Slate explique que, dans la profession, les femmes, qu’elles soient médecins, internes ou externes, subissent constamment des remarques dégradantes et des blagues méprisantes de la part de leurs chefs.

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«Il n’est pas rare qu’un chef vous demande de venir habillée en jupe, ou d’entendre au moment de se pencher une remarque sur l’allure de votre postérieur», déplore la présidente de l’Inter-syndicat national des internes.

Un sexisme qui est aussi le reflet d’une ségrégation au sein du corps médical

Bien que 65% à 70% des étudiants en médecine soient des femmes et que 48% des médecins soient aussi de sexe féminin, seulement 37,9% d’entre elles occuperaient des postes de direction, rapporte l'étude de Slate. Selon l’enquête, elles seraient aussi sous-représentées dans «les spécialités à forte reconnaissance sociale telles que la chirurgie (12%)».

Même chez les patients, il semblerait que l’image de l’homme médecin et de la femme infirmière soit encore bien ancrée. «Quand je rentre dans une salle de consultation, systématiquement les patients pensent que je suis l’infirmière», constate la responsable syndicale.

Ce sexisme ambiant est sans compter tous les débordements qui sont à déplorer lors des soirées de médecine, où alcool et jeux sexuels sont à l'affiche.

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