France

«Ma petite» : 80% des Françaises font face au sexisme sur leur lieu de travail

Un rapport du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle met en relief l’importance inquiétante du sexisme au travail dont 80 % de femmes se sentent victimes. Les autorités françaises condamnent cette pratique «inacceptable».

Une enquête menée en 2013 par le Conseil supérieur de l'égalité professionnelle (CSEP) avec le concours de 15 000 Françaises a débouché sur un rapport détaillant l’impact du sexisme sur l’estime personnelle et les performances professionnelles des femmes.

Il ressort que la majorité des Françaises disent régulièrement faire face à une attitude machiste sur leur lieu de travail. Cela prend la forme de salutations et de diminutifs condescendants, de prises de décision jugées sexistes et, bien sûr, de blagues sexistes.

Beaucoup de comportements décrits par le document semblent être communs à beaucoup d’autres pays, exemple : demander à une collègue stressée si elle a ses règles. D’autres vannes portent sur les «réunions Tupperware», le vernis à ongles, des collègues particulièrement détestées ou agressives désignées comme «pire qu’un homme»... Environ 82 % de Françaises disent avoir subi de tels comportements de la part de leurs collègues masculins.

Ce rapport mentionne de nombreux mots doux qualifiant les femmes, la langue française en est riche. Selon les auteurs de l’enquête, le sexisme «fonctionne comme un véritable instrument d’exclusion des femmes de la sphère professionnelle» et affecte considérablement leur travail.

Selon le rapport, 93 % des salariées reconnaissent ce phénomène.

Cependant, les auteurs admettent que le terme «sexisme» est difficile à définir, c’est pourquoi il pose un défi assez problématique. Les frontières entre les actes acceptables et inacceptables, humoristiques et offensifs sont floues. On peut néanmoins dégager trois formes de sexisme : «hostile», «subtil» ou «caché» et «ambivalent» ou «bienveillant» (dont la tonalité serait perçue comme condescendante et paternaliste).

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, qui s’est vue remettre le rapport du CSEP vendredi, a fustigé ce «sexisme ordinaire», celui qui «veut qu’on appelle une femme systématiquement par son prénom ou [...] en lui disant "ma petite", en sachant très bien que c’est dévalorisant».

Le rapport continue en précisant dans quels milieux professionnels le phénomène est le plus répandu et en proposant des recommandations sur la manière de combattre et de sanctionner ces comportements.