Joël Moreau avait été placé en garde à vue durant la nuit de lundi à mardi après avoir été interpellé lors d'une manifestation organisée en marge d'un déplacement de Manuel Valls, Emmanuel Macron et Myriam El Khomri venus défendre le projet de loi sur le travail.
Quelque 150 militants, selon la police, membres de la CGT, de la FSU et du Front de gauche notamment, ont manifesté leur soutien vendredi à Joël Moreau, certains brandissant des pancartes proclamant : «Je suis Joël».
«Si Valls voulait nous faire taire, c'est raté», a affirmé M. Moreau. Le syndicaliste, qui comparaissait dans le cadre d'une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité, avait promis de dire à la barre «ce qu'il s'est passé». Il était entendu depuis 9h00 par le procureur. Son avocat, Mounir Bentayeb, s'est refusé de préciser les mots qui ont été prononcés par Joël Moreau et qui lui sont reprochés par la justice.
Il comparaissait pour outrages envers des personnes dépositaires de l'autorité publique, en l'occurrence Manuel Valls, des CRS et des gendarmes mobiles. Aucune des victimes ne s'est constituée partie civile.
Joël Moreau, 69 ans, ancien responsable syndical à PSA, avait été interpellé alors qu'il participait à la manifestation organisée devant une agence Pôle emploi à laquelle avait pris part une centaine de personnes. Selon des témoignages rapportés par la CGT Métallurgie Alsace, Joël Moreau aurait «haussé la voix, dénoncé le projet de loi, les attaques contre les acquis sociaux», tout en restant «dans le cadre du discours syndical».
Le syndicat avait dénoncé le «déploiement policier de très grande envergure» qui avait entouré la visite gouvernementale de lundi. Les manifestants avaient été empêchés de s'approcher de l'agence Pôle emploi et avaient été «parqués pendant deux heures sur un parking à plusieurs centaines de mètres» du lieu prévu de la manifestation, selon la CGT.
Ce n'est pas la première fois que des individus sont traduits en justice pour avoir critiqué ou manifesté leur désapprobation du Premier ministre. Ainsi, Franck Gavoux, un artisan qui avait voulu interpeller Manuel Valls pour le sensibiliser au problème du RSI lors d'un déplacement à la Rochelle avait été condamné à trois cent euros d'amende.
En novembre dernier, un jeune, qui avait fait une «quenelle» au Premier ministre lors de son passage à Moirans avait été perquisitionné, et devra répondre de ses actes devant la justice pour «outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique», chef d'accusation pour lequel il risque six mois de prison. Celui qui a popularisé ce geste, l'humoriste controversé Dieudonné, a lui aussi été poursuivi et condamné à 3000 euros d'amende en première instance pour avoir qualifié Manuel Valls de «Mussolini à moitié trisomique». Le délibéré de l'appel doit avoir lieu le 24 mars prochain.
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